Avec un titre pareil, le meilleur un album épique à la Flaming Lips comme le pire la volonté de se vendre à un public américain qui aime toujours autant les grosses guitares pouvaient être au rendez-vous. Et le pire n'est pas toujours évité, il est même mis en valeur sous forme de singles, en édition limitée ou pas (Things I've Done Before ou Lose Yr Frown). C'est dommage, surtout de la part d'un groupe salué en son temps voici près de deux ans par la couverture de ce magazine pour son premier album Holes In The Wall, mais là n'est heureusement pas l'essentiel, puisque Bruxellisation ou Lights Out pavent le chemin vers un morceau-titre à tiroirs, caractéristique de l'ambition mal contenue du cadet des frères White, Tom, par rapport à son aîné Alex, chanteur principal du groupe et un poil plus respectueux des canons du genre (enregistrement à Abbey Road plutôt que démos bâclées dans sa chambrette). Au final, ce qui s'annonçait déjà comme un premier aboutissement ressemble plutôt à une étape (Existing), comme si nos amis avaient grandi trop vite et cherchaient à retarder un peu plus le moment d'une éclosion annoncée de façon précoce, voire prématurée. (Magic)
En ces premières chutes de température automnales, la pop anglaise aurait-elle besoin qu’on lui donne un coup de fouet ? C’est en tout cas ce que suggère, en direct de Brighton, The Electric Soft Parade qui, dans son nouvel album, le second pour une major, s’ingénie à démontrer que chaud et froid ne donnent pas forcément tiède. Quitte à s’approprier les vertus de la douche écossaise. Alors évidemment, la première écoute peut s’avérer désastreuse. Mais qu’on ne s’y trompe surtout pas. Un seul exemple avec le morceau d’ouverture, “Things I’ve Done Before” : au son de l’intro toute en slide bien trempée, on s’imagine royal au bar, écluser une pinte de Lager en compagnie des Gallagher et on se met à taper du pied... pour se retrouver pas plus tard qu’au refrain, en plein champ de coquelicots, à tenter le bouquet avec Paul McCartney. On en conviendra, ce genre de grand écart a de quoi dérouter, voire déplaire carrément, et on sent d’ici les abandons. Mais ce serait oublier à quel point l’exercice est difficile. Et dans ce cas précis, le cadavre exquis est plutôt réussi. D’autant que nous ne sommes pas au bout des surprises. Autre liberté, Alex et Thomas White, le noyau dur d’Electric Soft Parade — très peu de monde autour — n’hésitent pas à taxer l’équivalent d’une gamme à “Rocky Raccoon” pour un “Wrongest Thing In Town” qui catapulte l’extrait du Double Blanc des Beatles dans une dimension toute contemporaine. La performance est encore plus troublante quand on sait que l’album, remercions l’investissement BMG, a été finalisé à Abbey Road. Faire du neuf avec du vieux sans passer pour de besogneux passéistes ou des plagiaires sans teint, on croyait jusqu’à présent ce tour réservé à Blur, Radiohead ou Supergrass. Inutile de poursuivre la dissection plus avant, on l’aura compris, il va désormais falloir compter avec The Electric Soft Parade et 2004 s’annonce déjà comme l’année de sa consécration. En fait, le seul inconvénient de cette “American Adventure” est sa durée trop courte, à peine plus d’une demi-heure pour neuf chansons supposées triées sur le volet. En même temps, originalité et discernement ne se mesurent pas au kilo, qu’on sache. D’ailleurs les disques comme celui-là sont rares : si peu enclins à l’ostentation — il suffit de regarder la pochette, un simple croquis de Thomas — qu’on ne s’aperçoit pas d’emblée qu’ils sont riches, c’est-à-dire vraiment pétés de thunes. L’intérieur de ce deuxième Electric Soft Parade renferme une telle diversité dans l’écriture, les arrangements, le choix des sons et l’exécution, que l’objet lui-même devient tout de suite incroyablement consistant. C’en est même bizarre, d’ordinaire le second album d’un artiste est proverbialement qualifié de toujours très difficile. Remettons vite la main sur le précédent, quelque chose nous aura sûrement échappé. (Rock n folk)
Lors de la sortie du premier album des petits de Brighton, on m'avait devancée pour le chroniquer sur POPnews. Dès lors, je me suis hâtée de demander leur aventure américaine afin de retrouver leurs ballades pimpantes et leurs mélodies entêtantes. Mais après que j'ai écouté l'album grossièrement, je m'inquiétais déjà quelque peu de ce que j'allais bien pouvoir raconter. American Adventure ne s'avale pas si facilement.Fort heureusement, quelques pop songs viennent titiller nos sens pour nous évoquer tour à tour les chants délicats de Martin Carr ("Bruxellisation"), ou encore les Flaming Lips dans le cristallin "The American Adventure" de 7 minutes au chant délicieux.Mais l'opus est aussi un arrangement aigre-doux, assorti de morceaux sucrés-salés dont le mélange fait parfois des grumeaux. Entendez par là que l'on entend de jolis refrains pop, lisses et croquants et que des guitares saccadées, bruyantes, accompagnées de chants vindicatifs, viennent interrompre ce qui paraissait ressusciter la magie de "Holes In The Wall", leur précédent album ("Things I've Done Before", "Lose Yr Frown"). On aimerait alors gourmander Alex et Tom White de ne pas nous offrir un album à la hauteur de leur potentiel, comme l'on pourrait reprocher au cancre intelligent à la mine blasée qu'il se gâche ("de bonnes choses mais vous les utilisez mal"). Peut-être n'ai-je pas compris la formule, peut-être dois-je encore laisser mûrir ma première écoute. On n'aime jamais le café la première fois. (Popnews)