Bon les gens je vais faire une critique parce que vous n'avez pas l'air de voir, mais pas du tout, pourquoi cet album est énorme.
Sabaton, c'est un groupe assez étrange et inclassable dans le metal, parce que TOUTES leurs chansons parlent de guerre. C'est vrai qu'une telle obstination, c'est un peu louche et bizarre, mais à y réfléchir pourquoi pas ? En musique aussi, on peut parler des horreurs de la guerre comme Louis-Ferdinand Céline, Art Spiegelman ou Otto Dix. En fait, chanter la guerre répondrait au devoir de mémoire : les chansons de Sabaton, écrites par le passionné d'histoire Joakim Broden, sont toutes extrêmement bien documentées.
Et donc, après deux albums, Prime Victoria et Atterro Dominatus, qui contenaient leurs coups d'éclat mais auxquels il manquait une qualité homogène des chansons et une bonne production, Sabaton nous livrent cet Art of War. Alors que les deux albums précédents juxtaposaient des chansons sans véritable lien, ici ce sera le célèbre livre L'Art de la Guerre, du stratège chinois Sun Tzu, qui servira de fil conducteur à l'album. En fait, chacune des chansons illustre une citation de Sun Tzu en racontant une bataille.
Par exemple, à la citation :
There are roads which must not be followed, armies which must be not attacked, towns which must not be besieged, positions which must not be contested.
, l'album fait correspondre Cliffs of Gallipoli, qui nous relate la vaine attaque en 1915 de l'Empire Britannique pour prendre Constantinople et ouvrir une route vers la Russie, qui s'est soldée par un échec et de lourdes pertes des deux côtés.
Et, un peu comme dans le livre de Sun Tzu, Sabaton réussit ici à nous offrir un panorama complet de la guerre, et toutes ses facettes. La guerre, c'est un peu comme la religion, quelque chose qui fait ressortir le pire, mais aussi le meilleur de l'homme. En écoutant Ghost Division on voit la terrifiante armée de Rommel mener la guerre-éclair contre la France. En écoutant 40:1, on désespère avec ce poste avancé polonais, résistant tels les Spartiates aux Thermopyles devant un ennemi 40 fois plus nombreux. Avec Panzerkampf on comprend la fierté et l'amour pour leur partie qui motive ces soldats russes repoussant l'envahisseur allemand. Avec Cliffs of Gallipoli (le chef d'œuvre de l'album selon moi) on saisit tout le désespoir, l'horreur et la vanité des guerres mondiales.
Et bien sûr, tout cela est magnifié par la musique de Sabaton. Quoi de mieux que l'intro de Ghost Division pour évoquer la blitzkrieg allemande ? Cet espèce de déluge de guitare et de batterie... (sans parler d'ouvrir un concert, pogo immédiat, testé et approuvé) Ceci dit c'est pas le plus intéressant, c'est du power metal assez classique, mais l'adéquation avec les paroles, la voix de Joakim Broden et l'utilisation intelligente des claviers font toute la différence. D'autant que c'est du bon, bien efficace, rythmé, avec des très bons solos et des mélodies bien trouvées.
Voilà pourquoi j'adore cet album : il réussit à faire le tour de la question, tout en n'étant jamais pénible d'écoute, au contraire à moins d'en écouter toute une journée j'ai du mal à m'en lasser. Et celui-là est celui qui comprend la plupart des bonnes chansons du groupe, et en forme un tout cohérent. Les autres sont intéressants mais jamais aussi complets et souvent moins bien produits. Bref, que du bon !