Cessons un peu de considérer Earth comme un groupe de Drone Doom Metal, car il est bien plus que ça. D'ailleurs, la bande à Dylan Carlson n'a de Drone que le début de sa longue carrière, c'est à dire ses trois premiers albums. Et c'est tout à son honneur, car on a pu voir Earth toucher à énormément de styles après l'album "Sunn Amps and Smashed Guitars".
"Pentastar" sonnait Stoner Rock, "Hex; or Printing in the Infernal Method" avait un délicieux goût d'ambient. Puis l''EP "Hibernaculum" a amorcé un changement de style vers un rock lent et psychédélique et peut tout à fait être considéré comme un prologue au fameux "The Bees Made Honey in the Lion's Skull", sorti en 2008.
Le mange-disque vient de se fermer et il n'y a plus de place au doute. Ce n'est pas un retour au bon gros son poisseux de "Earth 2: Special Low Frequency Version. Au contraire, cet album est tiède et doux. Pas question ici de nous noyer dans la distorsion, mais Earth reste fidèle à son minimalisme légendaire. Et l'auditeur flotte.
Bill Frisell, un célèbre guitariste de jazz américain, a même été invité pour gratter quelques cordes sur trois morceaux, dont celui qui ouvre l'album, tout en grâce et en finesse. On accélère le tempo sur "Rise to the Glory", on retrouve la deuxième partie d'un morceau qui se trouve sur "Hibernaculum"... Pas la peine de se forcer, l'ensemble de l'album coule tout seul, sans agresser l'auditeur.
Après plus de quarante-cinq minutes, un titre éponyme de toute beauté, qui est la définition même du minimalisme, clôt l'album de la plus belle des manières.
Mélancolique et sombre, "The Bees Made Honey in the Lion's Skull" est une nouvelle brique à l'édifice et Earth semble assez satisfait de ce style, vu qu'ils resteront dans un domaine similaire pour leurs deux albums suivants, qui n'arriveront cependant pas à la cheville de leur ainé.