Pour la bande originale du film éponyme Shirō Sagisu est à nouveau à l’œuvre et autant le dire tout de suite, les fans de la série ne seront pas vraiment dépaysés.
C'est sous une tempête de violons, de tambours battants ainsi que de chœurs puissants que vos oreilles se retrouveront noyées sans oublier quelques douces notes de piano pour accompagner votre lente descente en direction des abîmes de votre (et des personnages du film) psyché.
Se mêlent, Evangelion oblige, quelques reprises de Bach afin d’adoucir un peu les images tourmentées qui nous sont présentées.
(Le Cardiogramme, Partie III)
Passons si vous le voulez bien à un morceau de cette bande originale en particulier : « Komm, süßer Tod ».
Pourquoi ce morceau en particulier ? Parce qu'il représente à lui seul toute la subtilité que Hideaki Anno et Shirō Sagisu ont pu assimiler à cette œuvre qu'est Evangelion.
Il y a en effet beaucoup à dire sur ce morceau, à commencer par son titre qui trouve sa source dans l’œuvre de Jean-Sébastien Bach, encore lui. « Komm süsser Tod, komm selge Ruh » que l'on pourrait traduire par « Viens douce mort, viens repos béni » publié en 1736 où Bach exprime sa foi en Dieu ainsi qu'à une vie après la mort.
À noter que le morceau inclus dans la bande originale du film n'est pas une reprise du morceau de Bach, le seul lien entre les deux est une certaine inspiration du thème pour l'écriture des paroles (du morceau du film, vous suivez?).
Les paroles justement, chose surprenante elles ont été écrites par Hideaki Anno lui-même. Paroles tirées d'un de ses vieux poèmes écrit avant la série, alors qu'il était en pleine dépression (Hikikomori pour les connaisseurs) et donc en phase avec l'état de Shinji dans The End of Evangelion.
Passons à la composition et là encore il y a des choses à dire. Le morceau reprend en fait les grandes lignes du « Canon en ré majeur » de Pachelbel (d'ailleurs morceau joué par Shinji, Rei, Kaworu et Asuka dans le film Death and Rebirth (film reprenant la série en y ajoutant une nouvelle fin et qui est suivi par The End of Evangelion). Le canon de Pachelbel est composé de six accords majeurs sur huit mesures et où comme son nom l'indique ces accords se chevauchent en canon, ce qui à pour singularité de créer une impression d'apaisement.
Enfin l'ossature même du morceau prend pour référence un autre morceau que j'affectionne et bon nombre de fans ont dû remarquer, le morceau « Hey Jude » des Beatles. À commencer par le rythme du morceau calqué sur celui des quatre anglais (disons Paul McCartney surtout) avec son piano reconnaissable mais aussi sa durée puisque les deux ont une durée de plus de sept minutes. Enfin pour enfoncer le clou le morceau est divisé en deux parties bien distinctes tout comme « Hey Jude », la première partie étant classique et la deuxième reprenant inlassablement les mêmes paroles : « Trumbling down » ou « Letting me down » chantés encore et encore en lieu et place des « Na na na » dans le morceau des Beatles.
Rien à dire, Evangelion ne cessera jamais de me surprendre.
Remerciements les plus distingués : Mackie.