The End, So Far est déjà le septième album du gang masqué de l'Iowa. Cela ne rajeunit guère quand on se rappelle la sortie en 1999 de l'abrasif album éponyme. Questionnant alors de voir débarquer ces gaillards masqués, habillés dans un uniforme flanqué d'un chiffre. Depuis (on va appuyer sur la touche "avance TRÈS rapide"), le groupe n'a cessé de grossir (en popularité, pas les membres de la formation), devenant une légitime tête d'affiche du genre.
Le chanteur Corey Taylor est talentueux. Et ce qui est bien, c'est la volonté de ce garçon à ne pas se reposer sur ses acquis (coucou 90% des artistes). Il ne cesse de s'améliorer, notamment au niveau de la composition de ses lignes vocales. Posées, réfléchies, savamment articulées, elles s'immiscent dans votre cerveau et décident d'y squatter pour une durée indéterminée. Pour ce qui est de son chant hurlé, sa voix est une nouvelle fois performante, mais elle manque d'âme. La rage et la colère y sont absentes. Je regrette la période où le producteur Ross Robinson le poussait dans ses derniers retranchements, donnant un chant d'une intensité dérangeante. Mais c'est bien normal, le frontman n'est plus le même qu'il y a 23 ans. Et comme le dit tata Gisèle : "le passé, c'est le passé!".
Le titre inaugural, Adderall, va faire jaser dans les chaumières des immobilistes ("pas vrai Kevin que c'était mieux avant ?!?"). C'est un long morceau lancinant au parfum seventies avec une basse très ronde, des guitares en retrait, une voix chaude. Après, place à la triplette des singles dévoilée les mois précédents la sortie de ce nouvel effort, qui propose du Slipknot sang pour sang, pas mauvais mais balisé. Ces titres semblent répondre à un cahier des charges dicté par je ne sais quel directeur commercial du label ("vous êtes mignons avec votre envie de changement, mais faut faire rentrer de l'argent les gars"). Mais voilà, quand ils s'énervent, je n'y crois plus. Ils vont vite et se veulent agressifs, mais sans la rage au ventre. Ils deviennent aussi dangereux qu'un Laurent Romejko défiant un champion de la MMA. Attendrissant mais pas plus.
On en vient à ce qui me plaît dans ce disque : ses audaces (Medicine for the Dead), et ses parties les plus calme (à la lecture ce cette phrase, le fan du versant brutal de Slipknot est en PLS et crie au "mais c'est de la soupe comme Stone Sour"). Sauf que non, c'est certes très mélodique, mais avec un caractère malaisant, une mélancolie et un côté obscur de la Force qui donne un cachet très intéressant.
La production de Joe Barresi semble quant à elle perdue face aux deux facettes qui cohabitent sur cet album. Le choix opéré, consistant à ne pas choisir et ménager les deux parties, ne fonctionne pas. Dommage, car au regard du C.V. du bonhomme (Tomahawk, Melvins, Clutch, Tool, etc.), j'étais curieux de connaître ce qu'il allait faire avec ce groupe.
7 disques en 23 ans, mais surtout, le dernier pour le label Roadrunner Records. Libéré de ce deal, je suis désireux de savoir ce que le groupe de Des Moines va se permettre. J'espère qu'ils feront fi des attentes, et se (me) feront plaisir.
The End, So Far s'avère donc décevant dans sa partie la plus routinière, mais excitant quand on pressent ce que ce Slipknot libéré/délivré (refrain connu) va désormais s'autoriser.