J'appréhendais l'écoute de cet album ; je n'aurais pas dû. The Firm est l'un des rares exemples de musique de film hollywoodienne moderne (presque) entièrement jouée au piano (dans une ambiance plus oppressante, il y a bien évidemment aussi The Conversation de David Shire pour le film de Coppola).
J'ai toujours du mal avec les solos instrumentaux, et encore plus quand il s'agit de piano. Dave Grusin parvient néanmoins à me surprendre agréablement, d'une part en adoptant une approche blues, et d'autre part en parvenant à conférer à l'instrument une variété de sons, de rythmes et d'appuis propres à compenser l'absence de l'orchestre. Un véritable tour de force quand on apprend dans les notes de l'album que le compositeur, doutant de sa capacité à relever ce défi imposé par son réalisateur Sydney Pollack, a enregistré sa prestation sur une bande 48 pistes, dans l'éventualité où des compléments instrumentaux ou orchestraux complémentaires se seraient révélés nécessaires.
Si l'on fait exception d'un petit coup de mou dans le troisième quart de la composition, où la répétition de motifs déjà exposés fait poindre la lassitude, et de quelques incartades au dogme sur trois pistes d'action/poursuite (ajout de nappes et de battements de cœur synthétiques, de sons de piano manipulés, et d'un rythme percussif rappelant - trop - celui de la piste The Conspirators du JFK de Williams), on ne peut que saluer la prise de risque couronnée de succès et la performance de pousser l'instrument dans ses derniers retranchements pour offrir une composition de thriller variée et efficace.