J’oublie souvent à quel point j’aime Bob Dylan. J’ai passé des années à écouter ses chansons et pourtant, à chaque fois que j’en écoute une que je n’avais pas entendue depuis un long moment, je me surprends à l’aimer plus encore.
C’est ce qu’il vient de m’arriver avec The Freewheelin’ Bob Dylan. Je l’ai écouté en entier pour la première fois depuis des mois, rupture amoureuse oblige, et je suis étonnée par la qualité d’un album que j’ai pourtant déjà noté 9/10.
Ce disque, c’est vraiment de l’excellent travail. A mes yeux l’album acoustique le plus réussi de Dylan, il est truffé de morceaux absolument fantastiques. Bien sûr, le point fort est le texte, parce que c’est Bob Dylan, vous comprenez ? Un beau mélange entre chansons pour protester, pour philosopher (qui vont souvent de pair), pour rire (un peu), mais surtout quelques chansons d’amour brillantes, ces dernières m’ayant poussée à réécouter tout l’album.
Je suis sure que vous connaissez au moins Blowin’ in the Wind qui a été reprise un bon million de fois sur la plage ou dans des concerts folks et ses paroles mythiques :
How many roads must a man walk down
Before you call him a man ?
Pas besoin de vous en dire plus sur ce titre, c’est du pur génie mais vous le savez déjà. Le titre qui m’interpelle le plus est Don’t Think Twice, It’s Alright, une des nombreuses déconstructions des chansons d’amour classiques de l’ami Bob. Ceux qui critiquent les qualités de mélodiste de Dylan en prennent ici pour leur grade tant la guitare fait la différence. Le texte vous parlera forcément si vous vous êtes fait larguer un jour : j’avoue sans honte avoir eu du mal à retenir mes larmes. On retiendra aussi la ballade Girl from the North Country, superbe elle aussi et qu’on imagine parfaitement aller avec la couverture de l’album.
Quoi d’autre? Ah oui! Les chansons contestataires! Eh bien, Masters of War et plus particulièrement It’s a Hard Rain’s a-Gonna Fall sont toujours pertinentes aujourd’hui (bon, je l’admets, je n’étais pas née à l’époque, si ça se trouve c’était hors-propos). La deuxième nommée est extrêmement forte, chargée d’une imagerie puissante qui va au-delà des chansons engagées habituelles à coups de « Biblical Fury » ou de « nightmare fuel ». Écouter ces chansons une fois la nuit tombée a presque un côté effrayant.
Tout cela nous amène aux chansons drôles évoquées plus haut. Le titre I Shall Be Free en particulier me fait sourire à chaque écoute. Le dernier couplet de Bob Dylan’s Blues également:
"Well, lookit here, buddy, if you wanna be like me,
pull out your six-shooter and rob every bank you see.
Tell the judge I said it was all right."
Avouez que c’est amusant. C’est quand la dernière fois qu’un chanteur folk de Greenwich Village qui écrit sur la politique, est sorti avec Joan Baez et a presque vu ses amplis détruit à la hache par Pete Seeger a brisé le quatrième mur ? Suffisant pour prouver que Bob Dylan était un badass.
Nous sommes en 1963, Bob Dylan a 22 ans et sort son deuxième album qui est déjà un chef-d’œuvre. The Beatles viennent de débuter, The Rolling Stones, Who, Kinks, Beach Boys, etc, n’ont pas encore sorti leur premier album. The Doors, Hendrix, Janis Joplin sont encore loin. Bob Dylan, lui, s’impose comme une évidence et propose de loin la meilleure musique du moment.
Je n’oublierai plus jamais à quel point j’aime Bob Dylan.
{S'il ne fallait garder qu'un titre}: Don't Think Twice, It's Alright. Mon Dieu, les paroles filent vraiment des frissons.