Le chamanisme époustouflant

Swans est une bonne chose pour le paysage musical actuel. Ce groupe originaire de New York a débuté sur la scène underground des années 1980 avant d’exceller dans la voie du post-rock. Leur style est élégant, travaillé, expérimental, caractérisé par des voix chamaniques et de grandes progressions épico-picturales. Tous leurs albums des années 2010 sont des pépites, en particulier The Glowing Man, qui est le dernier opus d’une trilogie passionnante dans la suite de The Seer et To Be Kind. C’est peut-être le moins bourrin mais également le plus chamanique et le plus envoûtant.

La plupart des morceaux sont très longs, allant jusqu’à 28:50. Il y a également quelques petits « intermèdes » de durée plus conventionnelle, qui ne sont cependant guère reposants, à l’instar de ce glaçant « When Will I Return » où Jennifer Gira, la femme du leader Michael Gira, fait une apparition pour chanter une agression dont elle a été victime.

Michael Gira et ses acolytes nous offrent des prestations époustouflantes : "Cloud of Forgetting", "Frankie M", "The Glowing Man"... Les potentialités des rythmes irréguliers, des instruments triturés, des paroles inquiétantes, sont explorées à fond. Une ligne directrice finit toujours par apparaître au bout du chaos. En plus, certains riffs sont magnifiques.

La découverte de ce disque demande un certain investissement puisqu’il dure près de deux heures et n’est déjà en soi pas très accessible. Mais cela vaut le coup. Il s'apprivoise petit à petit, en s'intéressant de près aux sons et à la structure des morceaux, et peut alors vite devenir addictif. En concert, le groupe pousse encore plus loin le côté hypnotique, de façon théâtrale, le chanteur commençant à jouer dos au public comme le gourou d’une secte cachée.