On avait laissé nos 5 garçons sur un premier LP décevant et daté, anéantissant nos espoirs de sustenter la pucelle qui sommeillait en nous (mais qui n'est pas prête à succomber au premier cliché venu). Ce second album devait décider si le groupe était autre chose qu'un joli produit marketing tentant de surfer sur la vague ou s'il avait autre chose de plus intéressant à proposer. A l'écoute de Fallin' (Adrenaline), premier single extrait de ce nouvel album, on avait été agréablement surpris : un son plus musclé, des mélodies plus catchy et un tube qui se plaçait facilement au dessus de l'intégralité des titres de leur album précédent. Rebelote avec "Lotus Inn", qui allait chercher du côté du meilleur des 1D. "Slow Down" enfonçait le clou avec un sample du "1979" des Smashing Pumpkins qui servait une power balade donnant envie de partir en road trip.
3 sur 3 donc, la hype était à son maximum et on avait hâte de pouvoir enfin écouter l'album entier.
"The Good Times and The Bad Ones" est une semi-deception. Parce qu'aucun des titres inédits n'est aussi bon que les 3 singles mentionnés juste avant.
Ce qui ne veut pas dire que c'est un mauvais album, loin de là. Il est clair qu'en 3 ans, le groupe a beaucoup évolué, et dans le bon sens. Ce qui saute immédiatement aux yeux (enfin, aux oreilles plutôt), c'est le travail sur les mélodies, qui s'éloignent du tout venant de la pop urbaine : on entend enfin les instruments, le son a pris plus d'ampleur et sonne plus moderne. L'écriture est également bien meilleure, à se demander pourquoi ils ont laissés des auteurs incapables écrire leur précédents titres.
Désormais, les ballades se parent d'une orchestration néo-classique et luxueuse et abordent enfin des sujets un peu plus adulte et personnels dans lesquels les émotions sont palpables : certes tout ça n'est pas d'une extrême originalité ("Grey" me fait penser à quelque chose mais impossible de mettre le doigt dessus) mais les harmonies fonctionnent bien, bien plus que sur leur premier album. Oh, bien sûr, ça parle toujours de rupture amoureuse mais ça le fait de façon un peu plus mature. Ça menace aussi de sombrer dans le pathos sur "Grey" mais le groupe réussit à marcher sur le fil sans perdre l'équilibre.
Le groupe expérimente de nouveaux territoires musicaux, ce qui donne des réussites variables : si le refrain presque house de "For You" fonctionne parfaitement (la voix posée de Corbyn fait des miracles), le côté plus dance/RnB de "Look at Me" est une tentative pas très heureuse de composer un titre plus sensuel (conseil d'ami : c'est une idée qui ne fonctionne pas en groupe). Les falsettos de "Stay" ou "Love Song" ne mettent pas forcément la voix des garçons en valeur, ce dernier titre ayant à la base été écrit pour 5SOS, ça se sent un peu...
Mais ça fait aussi partie du jeu : quand vous essayez des choses nouvelles, parfois ça fonctionne et d'autres pas, l'important étant d'en tirer une leçon.
En décidant de prendre leur indépendance, les Why Don't We voulait prouver qu'ils n'étaient pas un boys band comme les autres et de ce côté là, la mission est réussie, le groupe assure une transition vers un groupe de pop à part entière, capable de pondre de très bons morceaux. Décider d'écrire, composer et co-produire ce qui n'est que leur second album était une démarche à saluer, c'est une prise de risques payante concernant le son, espérons qu'elle le soit aussi au niveau des ventes et que ce ne soit que le début d'un avenir radieux.