On avait quitté Joseph Arthur, en 2009, avec "Temporary People", étonnant disque épicurien enregistré en compagnie des Lonely Astronauts, groupe qui l'accompagnait alors. Le songwriter américain revient cette fois en solo, assez discrètement. Mais après quelques écoutes de "The Graduation Ceremony", on ne peut être qu'impressionné par sa qualité d'écriture. Ecriture mélodique d'abord : comment ne pas être conquis par les envolées, pop et - est-ce vraiment nouveau ? - parfois baignées de soul du chanteur ? Des perles pop comme "Almost Blue", dont les arrangements rappellent Lloyd Cole et ses Commotions, ou "Over the Sun", plus inspiré par les 70ies, il en offre une pleine poignée, alternant chant "normal" et voix de tête comme sur le superbe "Watch Our Shadows Run". Les arrangements pop habituels de Joseph Arthur (sur lesquels on trouve tout de même Liz Phair et Jim Keltner) sont ici rehaussés par la présence d'un violon utilisé avec une grande élégance. Et derrière la musique franchement classe de "The Graduation Ceremony" perce aussi la noirceur des paroles du chanteur, une noirceur qui contraste avec l'emploi très fréquent du mot "sun" : une attaque (tout de même assez soft) du "Midwest" mais surtout des histoires de ruptures, de trahisons et de douleur (comme sur le refrain de "Someone to Love" où Arthur remplace systématiquement "Heart" par "Hurt"). Avec cet album, l'auteur de "Big City Secrets" frappe fort, montrant l'étendue de ses talents (et encore, je n'ai pas parlé des dessins de la pochette) ; à la remise des diplômes, seuls un ou deux morceaux un peu plus faibles et le souvenir lointain et émerveillé des concerts du jeune homme où il jouait ses morceaux seul à la guitare nous empêcheront de lui décerner les félicitations du jury. Mais on ne mégotera pas sur la qualité de "The Graduation Ceremony" : mention très bien ! (popnews)


Qu’il est périlleux - même pour un label - de digérer l’incroyable flux créatif de Joseph Arthur. Après avoir épuisé bon nombres d’enseignes (de Real World en passant par Vektor, récemment Fargo…) le prolifique songwriter natif d’Akron a appris à développer son propre éco-système via son label Lonely Astronaut trouvant ainsi un équilibre à sa démesure artistique : son site Internet propose notamment de se procurer - outre albums et eps - ses peintures ainsi que ses innombrables bootlegs pressés à la fin de ses concerts. L’année dernière, l’épisode Fistful of Mercy, récréation peu disciplinée, voire bâclée avec Ben Harper et le fils de George Harrison, nous avait un peu inquiété sur l’orientation artistique du « Redemption’s son ». Mais cette Cérémonie de diplôme s’avère plutôt un bon cru, et renoue avec l’esthétique pop de Nuclear Daydream(2006). D’évidence, les producteurs se succèdent - John Alagia ici en l’occurrence - mais le son n’a que peu d’influence sur ces pop/folk songs parasitées. Et la présence du batteur du Plastic Ono Band Jim Keltner, et de Liz Phair aux chœurs n’y changera rien. A défaut donc de bouleverser son ordre établi, Joseph Arthur reste maître dans l’art de trousser des mélodies pop foudroyantes ("Almost Blue", "Over The Sun", "Midwest"). Il faut dire que sa voix exceptionnelle l’emporte sur tout. Même lorsque les arpèges de "Horses" louchent dangereusement vers "Honey & The Moon". "Watch our Shadows Run", qui ouvrait systématiquement ses concerts parisiens en solo, est une balade déchirante. Si le prodige n’a hélas pas atteint le niveau de popularité de ses illustres camarades de promotion, feu Jeff Buckley et Ben Harper, la qualité de son songwriting reste une valeur sûre (bon gré mal gré ses soucis de label). Tourneur infatigable, les concerts de Joseph Arthur comptent parmi les plus intenses performances qui nous ont été données d’assister – particulièrement en solo, en précurseur de l’auto-sampling (ou oversampling). Son cerveau toujours en ébullition continue de nous enchanter. (pinkushion)

Habitué à livrer les disques par pelletés, Joseph Arthur s’était fait plutôt discret ces derniers temps, sans pour autant renoncer à sa frénésie créative (pour un album publié, trois en sommeil sur son disque dur) et à son never ending tour à lui. Après avoir fait palpiter la veine la plus rock de son inspiration en compagnie de ses Lonely Astronauts, mais aussi de Fistful Of Mercy, super-groupe un peu vain fomenté avec Ben Harper et Dhani Harrison, le New-Yorkais revient avec son premier album solo en cinq ans. The Graduation Ceremony est une collection de chansons acoustiques, moelleuses et délicatement orchestrées, outrageusement introspectives. Joseph Arthur les dispersait autrefois, en guise de havres de paix mélancoliques au milieu d’océans houleux frappés par les orages électromagnétiques. Ainsi assemblées en un album si homogène, elles ont une légère tendance à se neutraliser. Mais une fois éjectées le peu d’entre elles qui flirtent avec le mièvre ou l’ennui (Calls, This Is Still My World), c’est une mise à l’épreuve du cœur d’artichaut qui s’engage. Ames sensibles, ne pas s’abstenir devant Out On A Limb (piano, cordes, guitare légère et mélodie poignante) et ses sœurs de sang (Face In The Crowd ou l’adieu déchirant de Gypsy Faded). Joseph Arthur a toujours le midtempo qui tue et peut trousser un demi tube pour fréquence moyenne en un clic de batterie (l’envolée romantique Over The Sun). Et parce que le songwriter a toujours su soigner ses entrées et ses sorties, Love Never Asks You To Lie laisse durablement remué, la tête emplie d’harmonies vocales célestes et de sentiments résignés. (magic)
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le 10 mars 2022

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