En 2011, le découvrait Princess Chelsea avec premier album Lil' golden book, une électro pop minimaliste, candide, presque naïve, des mélodies épurées, entêtantes, un texte et une voix enfantins, une pop fraîche, pénétrante et profonde.
Quatre ans plus tard, la fraîcheur, la candeur sont toujours là, au service d'un propos beaucoup plus sombre, il est question ici, de tristesse, de désespoir, de trahison. L'extrême simplicité, la naïveté des textes est touchante comme dans le titre Is it all OK ? où, sur un riff de clavier d'une simplicité redoutable la princesse, de sa voix d'ange, nous met une gifle : "sometimes I feel so sad I wish that I would die / Other people they don't know they think that I'm alright". Une manière de dire le spleen, en somme, en mettant de côté la noirceur et le pathos. Dire les choses, sans lourdeur, avec la musique aussi comme langage, parce que c'est cela avant tout la musique, c'est le Verbe.
The great cybernetic depression est un des albums, les plus aboutit, les mieux maîtrisés de ces dernières années. Avec une esthétique minimaliste, Princess Chelsea, manie les notes comme Verlaine mania les mots -- de la musique avant toute chose disait-il, elle n'hésite pas à avoir recours à des orchestrations plus fournies lorsque c'est nécessaire, ce qu'elle osait moins jusqu'ici. Et tout sonne juste, tout s’enchaîne : le piano, la voix, la discrète mais indispensable batterie, et que dire des solos de guitares, indispensables, pleins de sens.
Le langage enfin maîtrisé de la musique. La Musique enfin.