Loin des figures imposées de la pulsation par minute, où sans doute hordes de fans gigoteurs l'attendaient, le dernier James Holden est un grand écart intrépide qui évoque les pionniers de l’Allemagne de 70, les grands compositeurs minimalistes, les défricheurs de l’électronique savante et foutreplein de sous-genres de musiques « progressives ».
À la fois synthèse des plus belles aventures soniques de ces 50 dernières années et délicieux vortex qui tend à déboucher vers l'inconnu et débouche au passage les oreilles, on peut facilement voir en ce disque un pavé dans la mare électronique tel qu’a pu l'être dans la flaque rock le Kid A de Radiohead en son temps pas si lointain (je prends cet exemple qui résonnera pour donner une unité de mesure).
Un objet rare et envoûtant. Une transe païenne en plein champ magnétique. Ici un hoquet nébuleux, là un couinement fœtal, des chœurs fantômes, des percussions tribales, des crissements fâcheux… Imprévisible, en mouvement perpétuel sans pourtant perdre son fil d'ariane mélodique, la matière brute prend vie dans une musique aux embardées expérimentales qui ne font pas saigner les oreilles, même si elle impliquera sans doute pour être appréciée à sa juste valeur que ces dernières soient un minimum averties.
Au final, une claque magistrale qui saute l’étape rougeurs pour céder place aux endorphines. M’est avis que ce disque on en parlera encore quand le niveau de la mer aura dépassé les bornes…
morceaux incontournables : Gone Feral - The Caterpillar's Intervention - The Inheritors (et les plus discrets mais tout aussi envoûtants Seven Stars et Self-Playing Schmaltz)