The Lounge Lizards – The Lounge Lizards (1981)
Dès la photo de pochette on se rend compte qu’on les dérange ces gars-là, et que, sans doute, nous ne sommes pas forcément les bienvenus… Allons, entrons dans la musique malgré tout, même si c’est par effraction… Il y a du Steve Lacy dans cette curieuse et bizarre musique, d’ailleurs les adeptes du saxophoniste ne seront sans doute pas décontenancés ou surpris, ou alors pas trop…
On peut même, dès ce premier album de la formation, voire l’axe commun qui relie The lounge Lizards et Steve Lacy, c’est ce goût prononcé et profond pour le prophète, Thélonious Monk. Deux compos du moine sont présentes ici et subissent un traitement de choix, « Do The wrong Thing » et «Epistrophy ».
L’album est exquis, un peu sournois par moment, expérimental également, de temps en temps, histoire de balancer quelques banderilles, pour piquer un faire monter la sauce, et que tout baigne dans son jus. L’ambiance ici est importante, insécure, avec la nuit tout autour, et les chats qui rôdent en sortant les griffes… Pff ! Pfff !
John Lurie l’élégant, est aussi le principal compositeur, l’attraction sur scène, le gars qui met le feu avec son saxo, soprano ou sopranino. Il est de jazz de cœur et c’est un atout. Son frère, Evan Lurie, joue des claviers et déconne pas mal avec, ça part souvent, comme sur « Wangling » par exemple, une pièce où il dialogue avec ce fou d’Arto Lindsay, venu du rock expé, celui qui surprend, éraille, déraille et décale, quelle folie ce groupe !
Steve Piccolo est le contrebassiste, il fait la paire avec Anton Fier, le batteur, les deux s’entendent en foire, comme des larrons, ils se font plaisir et à nous aussi. De même pour les amateurs de Mike Hammer qui pourront jouir d’une version sympathique d’« Harlem Nocturne », histoire de glisser un peu d’huile dans les rouages et de mettre un peu d’eau dans les nuages.
C’est évidemment un son assez unique, je ne décris pas trop car l’appel à Steve Lacy en dit déjà très long, ajoutons que la discographie d’une dizaine d’albums contient pas mal de live, car sur scène le groupe était véritablement étincelant et déchirait grave, je ne les ai pas vu mais j’ai visionné le « Live in Berlin » et c’était véritablement sauvage !