Ils ressemblent à des peluches. Ils sont plutôt gros, sûrement doux et toujours souriants. Ils se foutent éperdument de la mode qui sévit actuellement en Angleterre : leurs guitares ne doivent rien au Clash ? et ça fait du bien. D'ailleurs, leurs guitares ne sont pas exactement anglaises, deux des membres du groupe ayant grandi à Trinidad et Tobago avant de venir s'installer dans la banlieue de Londres. De ce point de vue, The Magic Numbers forment un groupe briton, mais exotique, aussi proche de Kaiser Chiefs que d'Amadou et Mariam. En fait, ils ressemblent à ce que l'on pourrait appeler des mini-Mamas & Papas du nouveau millénaire : deux garçons et deux filles (deux fois un frère et une sœur) qui chantent le soleil comme dans les années 60 ? avec la remarquable et imposante bassiste Michele dans le rôle de Cass Elliot, le genre qui fait peur aux roadies. Sur leur premier album, The Magic Numbers n'ont fait peur à personne. Ils ont enchaîné des petites perles pop (Forever Lost, Mornings Eleven) semblables à celles qu'on a pu entendre il y a quelques années chez les Super Furry Animals et les Boo Radleys, ou plus récemment chez les Irlandais de Hal ? c'est dire si c'est bien. Leur chanteur est tout rond et tout barbu ; il s'appelle Romeo (c'est exactement le nom qu'on aurait donné à la peluche) ? et Juliette a de quoi tomber amoureuse. Car, comme chez Grandaddy ou David Crosby, c'est une voix d'une finesse admirable qui sort de son ventre tout gros. Une voix ravissante qui chante l'amour (This Love ; Love Me Like You) et sait même se faire sexy comme chez un chanteur noir (les groovy Which Way to Happy et Don't Give up the Fight), quand elle ne devient pas carrément irrésistible, comme sur le somptueux Hymn for Her qui clôt l'album. L'histoire ne dit pas à quelle fille cette sublime romance est adressée, mais une chose est sûre : elle a drôlement de la chance.(Inrocks)
Une fois encore, il faudra éviter de se montrer tropattentif aux diversions du buzz qui entourent déjà TheMagic Numbers, ou de se laisser agacer par les péripétiesbiographiques, rabâchées dans la presse britannique, dece groupe sanctifié avant même la sortie de son premieralbum, sur la foi de deux splendides singles, Hymn For Heret Forever Lost.Qu'importe, en effet, que Romeo et Michele Stodart soient frère et soeur, toutcomme les deux autres sommets de ce carré magique, Sean et Angela Cannon.Qu'importent également les origines exotiques et lointaines des Stodart (nés à Trinidad), la pilosité abondante des membres masculins et la surchargepondérale du groupe. L'essentiel se trouve ici bien heureusement dans ces treizechansons dont on ne peut que tomber instantanément amoureux. Tout commedans les vrais coups de foudre, le miracle de la première rencontre tient ici à cetteimpression étrange de découvrir quelqu'un que l'on a toujours connu, sanspourtant jamais avoir croisé sa route. Dans cette averse de mélodies etd'harmonies vocales, aussi rafraîchissante qu'un orage tropical au soir d'unelongue journée de chaleur, les références classiques abondent,incontestablement, de Gram Parsons à Steely Dan, de Burt Bacharach à JimmyWebb. Mais Stodart connaît si bien les règles canoniques de la composition popqu'il peut se permettre de les décliner sur le bout des doigts tout en affichant ladécontraction et la charmante indolence du cancre. À ce niveau de virtuositédans le songwriting et de légèreté dans l'interprétation, on se souvient d'avoircroisé, un jour, Badly Drawn Boy ou les défunts Papas Fritas. Aujourd'hui, lesMagic Numbers virevoltent seuls, de tubes en tubes, dans cet Eden pop du hautduquel ils peuvent, d'ores et déjà , se permettre de toiser toute la concurrence.(Magic)
Comme avec HAL un peu plus tôt dans l'année ("un disque pour les filles", m'ont dit plusieurs amies, "tu peux pas comprendre..."), j'aurais aimé pouvoir dire le plus grand bien de ce premier album des Magic Numbers. Car oui, la pop j'aime ça, et pop, les Magic Numbers le sont. Car oui, les harmonies vocales, je m'en délecte, et ce disque en regorge. Car oui, les compositions gigognes, j'adore ça, et Romeo Stodart sait manifestement y faire en la matière. Pourtant, je me contenterai d'un peu reluisant "peut mieux faire". Après un départ sur les chapeaux de roues, brillant même ("Mornings Eleven", "Forever Lost", "Love Me like You" un peu plus loin), le disque s'embourbe quelque peu entre ballades dispensables et titres à rallonge. Trop démonstratif, le quartette ne peut s'empêcher de délayer ses titres les plus accrocheurs au-delà des quatre minutes ; parfois ça passe ("Mornings Eleven", encore, parce que c'est le titre qui ouvre l'album, et que quand même, ces chansons pop en plusieurs "mouvements", façon "Good Vibrations", ça fait toujours son petit effet), d'autres fois ça lasse très vite. Seul "Love Me like You" parvient réellement à tirer partie de sa construction de sa construction en alliant intensité en crescendo et jubilation pop, avant que l'album ne sombre irrémédiablement dans l'excès de glucose, et l'auditeur dans un engourdissement assez paradoxal. Avec ses 62 minutes pour treize chansons, ce premier album souffre réellement d'un criant manque de concision. Malgré d'indéniables qualités de composition et d'interprétation, le groupe échoue à rendre sa musique totalement captivante. Dommage, le potentiel est là. (popnews)
Et si les Magic Numbers étaient le groupe que nous attendions tous ? Au-delà de la critique plus qu’élogieuse du New Musical Express (qui s’y connaît en critiques élogieuses), ces quatre jeunes hippies pourraient bien devenir les plus fervents représentants d’une scène musicale quelque peu lobotomisée par la recherche de “ l’originalité sous influences ”. Les titres qui composent ce premier album ne cherchent de toute évidence pas midi à quatorze heures. À l’image de ce Mornings Eleven d’ouverture, peu importe aux Magic Numbers de coller à un quelconque format. Les changements de rythmes sont légions, et les mélodies aériennes aussi. Romeo Stodart, originaire de Trinidad, a de toute évidence baigné dans la musique depuis sa plus tendre enfance. Il y a du Kinks, du Beatles, du Beach Boys dans ces compositions. Les voix s’entremêlent avec une grâce loin de faire pitié comparée à, par exemple, God Only Knows. Single le plus représentatif du disque, Forever Lost gagne en intensité à chaque écoute, tandis que Love Me Like You, avec ses accents furieusement Beatles, met en relief la plage suivante, Which Way To Happy, fortement inspirée, elle, par Burt Bacharach. Et c’est là l’autre génie de ces Magic Numbers : les morceaux se suivent, se ressemblent, mais ne lassent jamais. Comme un puzzle où chaque pièce ne ferait que révéler la beauté du tableau final. Chaque morceau gagne à être connu, à être écouté et réécouté. Jusqu’à l’overdose… qui n’arrive jamais. (indiepoprock)