Yes, it is.
Ok, bon première critique sur SensCritique, on va essayer de faire ça bien, j'ai la pression... J'attendais cet album encore plus que la fin du confinement, d'autant plus après les avoir vus à...
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le 10 avr. 2020
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OLYMPIA - 18 FÉVRIER 2020, 21:00
Après avoir annoncé leur concert deux petites semaines plus tôt, les cinq new yorkais sont en retard de quelques dizaines de minutes. Depuis le début de l'année 2020, ils ont remis en marche la machine The Strokes en commençant par un concert le soir du Jour de l'An au Barclays Center où ils annoncent un nouvel album et dévoilent de nouveaux titres. Puis en sortant un premier single, « At The Door », un synthé-voix mélancolique aux sonorités 80's. Ils se sont également manifestés au meeting de Bernie Sanders à Durham durant lequel Julian encourage le public à monter sur scène avant de se retrouver à chanter "New York City Cops, they ain't too smart" tout en bousculant un flic venu rétablir l'ordre, grand moment. C'est donc suite à ce début d'année flamboyant que le groupe se retrouve à Paris en ce mardi soir de février.
Devant la scène, patiente une foule de trentenaires enthousiastes : certains parient sur les minutes qui les séparent encore de l'arrivée du groupe, les jeunes parents montrent des photos de leurs nouveaux-nés. L'atmosphère est sage, bon-enfant, on s'attend donc à vivre un concert calme et sans trop de bousculades.
Pourtant, lorsque quelques minutes plus tard Julian Casablancas et ses compères débarquent avec « Someday », les jeunes adultes impassibles se transforment en adolescents déchaînés. La foule se réveille aux premiers accords. Elle saute frénétiquement, se presse vers la scène, entonne la mélodie des guitares avec ferveur. On lit sur les visages un étonnement rieur, la masse de fans est surprise par sa propre force.
Le même dynamisme émanera du public tout au long du concert, la setlist permettant cependant quelques instants de repos notamment avec les nouveaux morceaux : « The Adults Are Talking » et « Bad Decisions », sorti un peu plus tôt dans la soirée. Le reste comblera la nostalgie de l'audience, le groupe alternant majoritairement entre leurs trois premiers albums (Is This It, Room on Fire et First Impressions of Earth). On assiste donc à un concert sportif pour la fosse, chaque riff énergique la portant dans son euphorie, de « The Modern Age » à « You Only Live Once » en passant par « Ize of the World ». Le rappel conclut leur performance avec trois de leurs morceaux les plus rageurs « Juicebox », « What Ever Happened? » et surtout, « Reptilia ».
10 AVRIL 2020
On se retrouve donc deux mois plus tard. Le monde est désormais confiné, ce qui bouleverse considérablement la stratégie du groupe pour la promotion de leur album : leurs concerts sont annulés, tout comme toute éventuelle interview. Par conséquent les comparses s'adaptent et lancent une série de podcasts intitulée « 5guys talking about things they know nothing about", dans laquelle ils se réunissent en visioconférence pour discuter de tout et de rien. Tandis que le premier s'articule autour du confinement et d'un hommage à Bill Withers, le second est simplement une présentation de l'album, titre par titre, et agrémentée d'anecdotes sur sa création. On en vient donc enfin à l'album.
The New Abnormal continue dans la lignée des deux derniers disques, Angles et Comedown Machine, ainsi que de leur EP de 2016, Future Present Past : fini le son garage et le rock énervé des premiers albums et place aux synthés et boites à ryhtmes et à une exploration plus poussée de la voix de Casablancas ; on garde cependant un certaine simplicité dans l'écriture et on exploite d'avantage la facette mélancolique déjà présente dans certain titres comme « Someday » ou « On the Other Side ».
Tandis que Valensi et Hammond accompagnent les morceaux par des harmonies simples mais terriblement profondes avec un son de guitare très clair renforcé par une reverb omniprésente, Nikolaï respecte la grande tradition des bassistes en utilisant majoritairement une bonne vieille fondamentale à la croche, ou à la double croche. Fab, lorsqu'il n'est pas carrément remplacé par une boîte à rythme, se contente de motifs efficaces mais prend parfois quelques libertés sur leur nature, comme par exemple dans « Bad Decisions » où la batterie parait sortir tout droit d'un morceau de Joy Division ou de The Cure. On remarque donc une grande simplicité dans l'accompagnement mais cette mise en retrait existe à mon sens en grande partie pour permettre à Casablancas d'occuper d'avantage une place importante dans l'harmonie.
En effet, le leader s'affirme enfin en tant que véritable vocaliste capable de tessitures très variés dont on avait déjà un aperçu flagrant dans « Oblivius ». En chef d'orchestre, il guide en grande partie les morceaux et va jusqu'à le démontrer dans ses lyrics, annonçant le pont, puis demandant le refrain dans « Brooklyn Bridge to Chorus » ou allant jusqu'à demander au batteur de commencer à jouer avec le désormais célèbre "Drums please, Fab" dans « Ode to the Mets ». Casablancas se livre à des prestations véritablement prodigieuses, abandonnant parfois son habituelle nonchalance pour proposer quelque chose de tout autant singulier et appréciable.
Les morceaux gardent une cohérence sous la forme d'un mélancolie ambiante. On assiste donc à des chansons assez sombres et profondes comme « At The Door » et « Ode To The Mets ». mais aussi à des formes de ballades nostalgiques comme « The Adults Are Talking » et « Bad Decisions » et à des morceaux plus doux et pop aux refrains forts comme « Selfess », « Why Are Sundays So Depressing » et « Not The Same Anymore ». Cependant, on note en plein milieu du disque un OVNI : "Eternal Summer", peut-être le morceau le plus "Rick-Rubinesque" de l'album. L'arrangement est plus complexe que d'habitude, les paroles plus politiques et la voix projetée à des hauteurs qui la rendent presque méconnaissable.
On semble être arrivés à un point dans la carrière du groupe où les membres, conscients qu'ils ont déjà sorti leur(s) chef(s) d'oeuvre(s), peuvent se permettre d'explorer d'autres facettes de leur musique sans devoir donner aux fans ce qu'ils attendent. Leur musique va également jusqu'à se complaire dans une forme de mélancolie, à la fois dans leurs nouveaux morceaux mais également dans leur manière d'aborder leurs anciens, qu'ils jouent à leurs concerts comme pour donner un shoot de nostalgie à leurs fans à un point où même dans ma nature de jeune de 18 ans (donc né juste après Is This It) je ressens cet aspect dans leur musique. J'en deviens même nostalgique d'une époque que je n'ai donc jamais réellement connu.
En conclusion, on a là un disque modeste, sans trop de prétention. Les Strokes montrent encore leur faculté à créer des choses assez inédites avec un fond très basique, ce qui permet l'émergence de vraies pépites comme « The Adults Are Talking », « At The Door » et surtout « Ode To The Mets », dans laquelle la voix de Julian prend une dimension particulièrement impressionnante et que l'accompagnement magnifie de la plus belle des manières. Le reste des titres nécessitera peut-être une écoute plus approfondie, tout comme ma note définitive.
Dédicace à Sacha, on aura vécu cette hype main dans la main.
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Créée
le 14 avr. 2020
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10 j'aime
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