Ah The Noise! Si primitif, si Nadir (alter-ego-ado de Hammill qui a toujours 16ans), si rock!
Ça s'ouvre avec un coup de pied au cul pour tuer le baiser ! (a kick to kill to kiss) Hammill chante: “Ce qu'il veut c'est un paradis ...ce qu'il veut et ce dont il a besoin sont des trucs différents” la guitare est rock et donne le ton, la voix de Hammill en souriant chante même : “ Hey baby all i want is you”. On sait qu'on est loin des angoisses intérieures d'un Silent Corner.
“Comme un fixe l'artiste” (like a shot the entertainer) est une satire sur l'artiste qui divertit. Les paroles sont implacables et se retournent même contre l'artiste. Hammill parle des angoisses de celui qui divertit et ce jusqu'à son érection: “Let's talk about keeping it up” La musique est catchy, on se met à taper du pied et on embarque. L'orgue est en feu et c'est bon.
The Noise, la chanson suivante, s'ouvre sur une ressemblance avec l'opéra : “The Fall of the house of Uscher” Très vite la guitare électrique apparaît, les voix discordantes amplifient la thématique du bruit. Un certain chaos-rock-contrôlé s'installe. On pense un peu à Careering sur PH7, la flute de Jaxon délire, les drums de Manny Ellias (Tears for fears) sont secs. Rien pour séduire les amateurs de prog et pourtant ...
Celebrity Kissing s'ouvre sur un riff de guitare implacable, collé sur un piano martelé, très fort. J'adore ce morceau, le phrasé du chant est superbe, la façon qu'Hammill a de faire sonner les S est remarquable. Ellis à la guitare ( The Stranglers, Peter Gabriel ) est déchaîné... un superbe rock... Et au contraire du texte qui veut arrêter les baisers des célébrités , on ne veut pas que le morceau arrête tant on rock fort....Putain cette guitare de Ellis...Un des meilleurs rock de Hammill.
Where the mouth is enchaîne superbement, ça groove ! La voix de Hammill est hard, le band aussi. C'est vraiment très bon. On sent Nadir à plein nez et dans le son et dans les paroles. Ellis se fait aller à la guitare électrique, il trouve en Hammill et cet album un son pour prendre la place qui lui revient. Pour sur Hammill a mis son argent là où ça comptait en l'engageant.(pour paraphraser les paroles) Son solo qui clôt la chanson, sur des superpositions vocales, est superbe.
The Great European store s'ouvre sur quelques notes de saxophone, puis une délicatesse étrange pour l'album. On est pas loin de certains titres de Skin et du spirit de certains titres de Chris Judge Smith (Institute of Mental is burning). Satire du consumérisme très humour British. J'adore ce morceau pour la combinaison paroles-musique. Il ya une distanciation à la Zappa: “Let's shop, let's go ” en est le reflet. Jaxon revient discrètement avec quelques notes de sax à la fin du morceau.
Puis les deux morceaux cultes de l'album où le band devient vraiment passionnant et sort du rock basique. D'abord Planet Coventry, comme un mauvais rêve, voire un cauchemar, où Hammill se réveille nu sur la scène. Et la musique trace ledit cauchemar à coups de guitares électriques et d'un instrument que je n'arrive pas à identifier. (notes hautes). La rythmique du chant combinée aux guitares électriques est superbe. Un magnifique titre.
Puis l'orgasme final avec Primo on the parapet. Un hommage à Primo Levi qu'Hammill reprendra live souvent. Un titre qui hante avec ses guitares espagnoles en entrée. Doucement le malheur s'installe, l'angoisse grandit et le riff de guitare électrique nous plonge dans un camp de concentration. On tourne en rond, avec ses guitares, comme un prisonnier . Non personne n'est innocent, et on attend tous le sauveur et personne n'est un saint.... Hammill nous murmure la culpabilité d'avoir survécu à l'horreur et comment l'ex-prisonnier apprend lui à oublier. Mais Hammill nous ramène vite à la réalité en nous criant: “Nous nous devons jamais oublier”. Les guitares électriques vont en crescendo et là un rock démentiel s'élève, Ellis devient très Frippien (ou est-ce Hammill?) et le tout atteint des vertiges et des abîmes rock qu'Hammill ne touchera plus souvent par après. Ça rock fort , comme si Auschwitz entrait dans nos oreilles...En douceur la guitare acoustique nous redescend sur terre, les corps sont consumés et Hammill, dans un dernier toast, un dernier envol vocal, nous rappelle qu'il nous faudra jamais oublier ce qui s'est passé dans ses camps... Lors de la tournée ce morceau, additionné du violon fou, de Gordon atteindra des sommets.
The Noise est un superbe album rock de Nadir-Hammill, ne le boudons pas, ne l'oublions pas dans notre discographie. Here is a toast to The Noise!