À moitié très bien
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Disons-le franchement, la sortie d’un nouvel Anathema est toujours accueilli comme un événement à part entière. La renommée du groupe dans la sphère progressive n’est plus à faire et l’attente que suscite leur retour n’en est que plus grande. De surcroît, le groupe n’avait plus produit d’album studio depuis 3 ans, nous faisant patienter par un fabuleux live aussi intéressant à entendre qu’à voir (A Sort Of Homecomming) retraçant leur magnifique tournée acoustique dans des églises et dans des cathédrales, capté alors dans la majestueuse cathédrale de Liverpool. On retrouve donc nos chers amis liverpuldiens avec leur (déjà !) 11ème album. Un enregistrement un peu particulier cette fois, puisque leur nouveau producteur John Doogan a insisté pour que la bande enregistre cet album en configuration « live », un processus qu’ils n’avaient pas réalisé depuis des années, qui a pour ambition de capter toute l’énergie que l’on peut obtenir lorsque chaque musicien est disposé à jouer face aux autres. Voici pour la petite histoire introductive, rentrons désormais dans le vif du sujet. Un sujet que l’on connaît bien, marqué par l’omniprésente palette envoutante des ambiances musicales très atmosphériques propres au sextuor britannique. Il n’en reste pas moins que la musique d’Anathema évolue, et la lecture lente et tranquille de cet album le démontre de la plus belle des manières. Durant 77 secondes de bruitages, nous nous imaginons en la présence d’un homme, sortant de la mer, ouvrant la portière de sa voiture, la respiration haletante, branchant son autoradio et enclenchant le contact. Nous sommes maintenant prêts à embarquer avec lui dans cette nouvelle aventure qui aura pour but de clôturer le voyage commencé 15 ans auparavant par les frères Cavanagh sur A Fine Day To Exit (j’y reviendrai). Après cette intro, s’enchaîne le premier véritable morceau, Living It Behind, où la vitesse augmente. Mais c’est sur la piste suivante (Endless Ways) que la ballade débute véritablement. Accompagné par la superbe voix angélique de Lee Douglas, elle nous emporte dans un crescendo énergique d’une beauté enivrante. On attaque ensuite le titre éponyme, qui reste dans la même veine, le chant étant alors occupé par Cavanagh alors que des guitares lancinantes font enfin leurs apparitions. On clôt un premier chapitre de l’album avec San Francisco, à l’allure post, qui réitère un même schéma de longue envolée progressive aux accents plus électroniques. Nous nous immisçons alors dans une ambiance sonore beaucoup plus mélancolique, naviguant dans des tréfonds émotionnels bien plus sombres. L’atmosphère qui se développe sonne comme de sublimes échos au floyd, comme à Airbag ou encore Radiohead (ce solo sur Springfield !). Les mélodies sont plus rugueuses, écorchées ; la tristesse et l’angoisse s’immiscent lentement en nous (Ghosts) puis nous bouscule (Can’t Let Go et sa batterie énergique). On se laisserait presque ensorceler par autant de spleen mais Anathema brouille les pistes, les musiciens se permettant un surprenant mais très habille crochet par la musique jazz si langoureuse (Close Your Eyes). L’avant-dernière plage, Wildfires, est certainement celle qui dépeint le mieux cet album et la musique du groupe : un condensé du beau et du calme mis en lumière par des voix envoutantes et quelques accords de piano. Le tout vous guide inlassablement vers le ciel pour une explosion d’émotions qui vous abandonnera à communier avec vos sentiments les plus enfouis.... Je ne dirais rien de plus sur ce qui vous attend une fois l’atterrissage effectué, sachez juste que le retour des étoiles vers la lumière de la terre ferme a rarement été aussi enchanteresse. Un dernier petit mot sur l’artwork, clin d’œil volontaire en référence au disque A Fine Day To Exit, sorti en 2001, qui se trouve être la plus sombre pochette de toute leur discographie alors même que l’univers musical développé ici, bien que toujours aussi tortueux, n’en reste pas moins plus lumineux qu’à l’accoutumée. Un paradoxe ironique ou schizophrénique pour le groupe, qui à défaut d’avoir totalement réussi à nous duper sur sa soudaine insouciance, ne manque pas de continuer à nous surprendre !
NB : L’album a récemment été élu meilleur album progressif de l’année lors des Progressive Music Awards, événement organisé par le célèbre magazine britannique Prog.
(Chronique parue dans le magazine ProgRésiste #90)
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Créée
le 7 oct. 2017
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