Gang Starrz skillz, once again
Avec Gang Starr, je pensais que l'histoire avait été réglée en 1998 mais ce dernier album a dépassé - et de loin - mes espérances. J'avais jeté une oreille plus ou moins distraite sur deux morceaux ("Zonin" et le feat avec Snoop Dogg "In This Life"), mais en aucun cas je ne m'attendais à ce que TOUT l'album soit d'un tel niveau. D'abord, une note générale bonne sans être exceptionnelle ne m'avait pas interpellé outre mesure, et puis en ayant côtoyé le reste de la discographie du duo, je me disais in petto que le meilleur était derrière eux. Eh bien mes noix ! choc collatéral de premier ordre pour ma gueule.
16 réelles pistes - en enlevant les skits et interludes - dont seule "Nice Girl, Wrong Place" est en-dessous des autres. Pas mauvaise mais c'est pas du Gang Starr. Sinon le reste ? pouah mes aïeux y a du strong à tous les étages. On ne saurait où donner de la tête tant les bons morceaux pullulent dans cet ultime album des Bostoniens. On rentre de suite dans le vif du sujet avec un titre bien senti ("Put Up or Shut Up") qui lance les hostilités en frontal. Ça sent bon tout ça. Parfois les groupes te foutent de la poudre aux yeux au début et après le soufflet redescend très vite à la hauteur de tes attentes. Mais ici que dalle mon pote. Ça enchaîne, ça déchaîne, ça feature et ça bouscule. On est dans du hardcore light, car faut pas oublier que la force de Gang Starr c'est de proposer une zik qui allie les gros beats qui claquent à des lyrics soyeuses. On fait dans la dentelle en n'oubliant pas de faire passer un message. Voilà le délire. Mais ici - et je trouve qu'ils ont fait fort - Guru et DJ Premier ont su marier leurs forces avec celles de quelques rappeurs sur près de la moitié des titres sans dénaturer leur musique et, a contrario, lui donner un autre élan. Risqué comme pari car les deux compères ont montré par le passé qu'ils pouvaient aisément se suffire à eux-mêmes. L'exemple le plus criant se trouve sur "Who Got Gunz". Pas le morceau le plus délicat qui soit mais celui qui témoigne le mieux d'une collaboration dans le groupe. A moindre mesure "In This Life..." a lui aussi un faire-valoir à exprimer. Ainsi les featurings se mélangent sans sourciller aux autres pistes dans lesquelles Guru est seul au mic. Et ça passe comme une lettre à la poste jusqu'à la fin. "Zonin", "Skillz", "Peace of Mine" et "PLAYTAWIN" sont les trois pièces-maîtresses de la galette hors featuring.
Contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là, l'album ne souffre d'aucune faiblesse par rapport à leurs précédents opus. C'est étrange que je puisse dire ça, moi l'amoureux des années 90 dans le domaine, mais oui cet album est puissant. DJ Premier a encore frappé à la console, a chopé et mixé des samples de salopard, fait un boulot de dingue à la prod comme à son habitude ; à savoir de l’orfèvrerie, donnant à son pote Keith encore la possibilité d'exprimer ses talents d'emcee. D'ailleurs Guru n'est pas le plus impressionnant techniquement derrière un micro, mais foutredieu c'est l'un des rares à savoir utiliser sa voix à bon escient. Du feeling les mecs, de la présence et un flow quasi unique. Ah ce "Peace of Mine" ...
Déjà que j'estime ce duo comme le meilleur de tous les temps dans le hip-hop, là c'est encore plus ancré dans ma tête après avoir écouté The Ownerz. Gang Starr est et restera à jamais comme the best duet ever.
Rideau tiré.
R.I.P. Guru.