The Reminder
7
The Reminder

Album de Feist (2007)

Ce que j’aime chez les femmes, c’est surtout la voix. Cette facilité avec laquelle elles nous emportent, nous touchent et parfois nous renversent est déconcertante. Cette observation est applicable à toutes les chanteuses digne de ce nom, peu importe le style ou même la puissance de celle-ci, l’émotion reste intacte. En parlant de voix celle de Feist est d’une légèreté déconcertante aux premiers abords. Haute perchée, elle me fait penser sur plusieurs chansons à celle de l’artiste Britannique Kate Nash. Ce n’est d’ailleurs pas leur seul point commun, sur certain morceaux, les rythmes et orchestrations sont très semblables, nous y reviendrons plus tard. Pour le moment, nous venons d’attaquer l’album et au-delà de cette voix cristalline, ce qui frappe en premier c’est l’éclectisme des styles traversés.
Contrairement aux deux titres que l’on connait de Feist (« 1, 2, 3, 4 » de la pub à la pomme ou « My Moon My Man » passée en radio) l’album n’est pas plus Pop ou plus Rock que ça et mixe les genres. La première chanson « So Sorry », à ma grande surprise se pare d’air de Bossa des plus agréable. Je m’attendais donc à poursuivre ce chemin aux couleurs du Brésil mais l’album me préparait bien d’autres surprises ! Des rythmes Africains pour « Sea Lion Woman » et des ballades Folk piano-voix comme « Brandy Alexander ». Et c’est dans les détours par la Pop/Rock de « Past In Present » que je dois admettre que tous les styles abordés dans cet opus se voient traiter et bien traiter. L’intelligence de la canadienne réside dans le dépouillement qu’elle donne à la plupart de ses chansons, lui évitant ainsi de s’emmêler avec trop d’artifices liés à chaque genre. Dépouillement sans doute dû au très court laps de temps qu’il lui a fallu pour enregistrer ses treize chansons. En seulement trois semaines a été bouclé l’ensemble des enregistrements, une sorte de prouesse lorsqu’on entend que certain groupe peuvent y passer des années ( Gun’s and Roses pour ne citer qu’un extrême)
Plus tôt j’avais laissé entendre que certaine des compositions présentes sur The Reminder me faisaient penser à Kate Nash. Je ne me lancerai pas dans un parallèle un peu simpliste entre ces deux jeunes femmes souvent issu de tel propos. Mais tout de même, comment ne pas faire un lien entre les percussions et le piano criard de « Foundation » issue de Made Of Bricks sorti aussi en 2007 et celle de « Feel It All » ou du précédemment cité « Past In Present ». Mais Kate Nash n’est pas la seule influence qui pourrait vous venir à l’esprit en écoutant l’album ; « Sea Lion Woman » par exemple me fait penser à « Amssétou » de -M-. Alors oui, cette dernière est postérieure dans le temps à l’album de Feist mais les oreilles vont dans le sens des écoutes or j’écoutais -M- bien avant même de connaitre Feist. Mon propos n’est pas de pointer de qui elle se serait inspirée mais plutôt de mettre un lien entre deux chansons, comme cela en en appréciant une, je vous permets, peut-être, d’aller en découvrir une autre.
J’avais fait remarquer dans mon premier article sur Charlie Winston que les chansons choisies pour la radio sont souvent celle que j’aime le moins. Si je me permets un petit aparté, je ne sais pas comment ces chansons sont choisies mais tout de même, que ce soit « Get On Your Boots » pour l’album de U2 No Line On The Horizon ou « The Adventures of Rain Dance Maggie » sur I’m With You des Red Hot Chili Peppers ou bien d’autre, ce ne sont jamais les meilleurs de l’album, loin s’en faut. Et bien The Reminder n’échappe pas à ce fléau. Alors j’admets être un peu dur avec « My Moon My Man » mais la version radio nous enlève tout le plaisir de cette fin en fuite vers l’avant avec cette porte qui claque et ces bruits de pas qui s’enfoncent dans un chemin caillouteux. Cette fin, qui est en réalité le début de « The Park », n’étant jamais diffusée nous empêche de profiter pleinement de l’effet qu’a voulu créer Feist. Et c’est précisément cette fin coupée qui enlevait le charme du morceau. C’est donc un autre des atouts inattendus de cette écoute : une redécouverte de chanson pourtant sur-écoutée.
J’ai balayé la plupart des styles usités au travers The Reminder, mais s’il en est un qui pourrait pencher un peu plus dans la balance, c’est cette Folk douce, par moment presque a capela dans « Intuition », le plus souvent à peine soutenu par soit un piano (Brandy Alexander) soit par une ambiance de clavier bien senti (The Limit To Your Love). Bizarrement, cette partie sera la plus courte dans le texte alors qu’elle tient une vraie place dans mon appréciation de cet album. Une métaphore du voyage s’emploie relativement bien pour coucher mon ressenti sur ces passages : Tous les passages hors Folk sont les voyages à l’étranger, ou l’on découvre, apprend, s’inspire et revient parfois différent. Les morceaux Folk sont les retours, moments de tendresse lorsque l’on franchi le seuil de sa maison, instant de calme avant le prochain départ. C’est ainsi que j’ai vécu les différentes étapes de The Reminder.
Pour conclure sur cet album hétéroclite, je ne m’extasierai pas sur celui-ci, le clamant le meilleur d’une époque ou d’une année. Je terminerai seulement en insistant sur la part de risque pris par Feist en proposant autant de diversité Sans être prétentieux, c’est un petit répit de douceur que l’on se doit d’offrir de temps à autre à ses oreilles.
Frusciendrix
8
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le 4 mars 2013

Critique lue 352 fois

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Frusciendrix

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