Muse a apporté le lyrique dans la pop-rock, c’est aujourd’hui leur marque de fabrique reconnue et appréciée. Ils ne sont sans doute pas les premiers mais jamais cette étiquette n’aura collé à ce point à la peau d’un groupe. C’est aujourd’hui leur force, mais cela pourrait devenir au bout du compte leur faiblesse. Cela n’enlève rien aux qualités de cet album, mais tomber dans l’admiration béate pourrait couter des fans au groupe.
Muse c’est beau, magnifique même, ce que la pop-rock britannique a apporté de plus marquant ces dernières années. Matthew Bellamy a une voix incroyable c’est une évidence, c’est d’ailleurs surprenant d’entendre de telles capacités sortir du coffre d’un gringalet anorexique. Les mélodies sont exceptionnelles, le morceau Resistance en est un parfait exemple. Il y a un sens évident de la mélodie efficace et harmonique, un sens du beau en fait, les envolées lyriques voir pleines d’emphase sont omniprésentes et donnent souvent envie d’aller tutoyer les anges. Les muses de Muse vont de Queen à U2, entre autres, mais ce cocktail Muse/Menthe est trompeur car les muses mentent. Si l’influence de Queen est un flagrant délice jusqu’à la limite du plagiat sur United States Of Eurasia/Collateral Damage, et que ça goûte le We Are The Champions à plein palais, Muse a aussi le goût du talent propre et approprié jusqu'à se forger une solide identité.
Là réside le problème, là pourrait résider l’écueil du succès. Elles sont magnifiques ces chansons, mais sans lasser elles finissent presque par épuiser. La qualité ne baisse pas, mais notre tolérance un peu, au bout d’un moment c’est trop, on demande un morceau plus posé, qu’on attend en vain. C’est comme si La Flûte Enchantée de Mozart n’était faite que de passages tels que celui de l’air de la reine de la nuit, comme si Die Hard 3 n’était fait que de la série d’explosions qui ouvre le film. C’est à chaque fois ce qu’on préfère, mais à haute dose on n’en peut plus.
La solution, éviter l’overdose, même si au début on y prend franchement goût à cette musique. Avoir soin aussi d’éviter de l’écouter lorsque que votre fils de cinq bien tassés vient de vous traiter de « crétin », c’est un coup à passer l’iMac par la fenêtre dès la première chanson et au prix que ça coûte, ça donne envie de le déshériter. En fait, le meilleur moment, c’est celui où, plein d’envies de conquêtes vous vous sentirez, tel Léonardo Di Caprio bravant les chutes de guano debout sur la proue du Titanic (les toilettes devaient être bouchées, faut dire qu’en troisième classe…), devenir le maître du monde. C’est ce qu’est devenu Muse aujourd’hui, maître du monde musical, c’est finalement mieux que si ça avait été les Backstreet Boys, beaucoup mieux…