Anthony Joseph – The Rich Are Only Defeated When Running For Their Lives (2021)
J’avais déjà évoqué Anthony Joseph à propos de l’album « Caribbean Roots » qui était très dansant et assez funky, avec cette nouvelle sortie c’est un peu différent, comme si une évolution ou un tournant s’était opéré. Un livret assez copieux s’est glissé dans la pochette et les mots du poète y sont écrits. Sur le petit macaron collé sur la pochette de protection du vinyle on peut même lire « Spiritual Jazz Poetry », ce qui peut surprendre, en effet.
Je ne balaye pas d’un revers de la main la prétention au jazz, ni à la « spiritual music » et encore moins celle qui évoque la voix du poète, car il y a tout ça ici, mais j’aurais même dit plus, en parlant d’un album politique, qui témoigne et rend hommage. Ainsi sont évoqués Edward « Kamau » Brathwaite ou C.L.R. James, poètes et écrivains engagés. On y parle également des plaintes, des cris et des colères, des nèg’marrons même… Ce n’est pas pour rien que l’album se nomme « Les riches ne sont vaincus que lorsqu’ils courent pour sauver leurs vies », une phrase en provenance du livre « Les Jacobins noirs » de C.L.R. James.
Côté musique une formation de musiciens londoniens est à l’œuvre, Colin Webster, Denys Baptiste, Jason Yarde, Shabaka Hutchings sont aux saxs, Thibaut Remy à la guitare, Florian Pellissier au clavier, Andrew John à la basse Crispin "Spry" Robinson aidé de Roger Raspail aux percus et Rod Youngs à la batterie. Tous portent ou supportent le flow d’Anthony Joseph.
Le parler/chanter du caribéen est ici particulièrement mis en valeur, entre narratif et revendicatif, alors oui, il y a une évolution, mais si autrefois j’ai pu écrire « côté influences on peut penser à Fela mais aussi à Gil Scott-Héron et même à Taj Mahal » je crois qu’il n’y a rien à enlever, mais plutôt à rajouter, cette couleur « jazz » qui, finalement, sied si bien au discours !