Si vous trouvez que le métal moderne est plus fait de bruit et de fureur que de mélodie, ce Road Less Travelled de Triosphere devrait éveiller votre intérêt. Par contre, si vous cherchez de l’originalité à tout crin, vous allez être déçu – à part peut-être le fait que le chanteur est une chanteuse (mais ça ne s’entend presque pas).
Fondamentalement, ce quatuor norvégien fait du métal comme on en ciselait dans les années 1980. J’ai parfois l’impression d’entendre certains des groupes les plus originaux de l’époque, du genre Brighton Rock ou Prophet, ce qui en soi est un signe de qualité – sauf qu’on est dans les années 2010. Oui, je sais; à moi aussi ça fait bizarre.
Certes, Triosphere n’est pas non plus un clone de Bon Jovi et si, avec des morceaux comme « Driven », « Watcher », « Twenty One » ou d’autres, son métal mélodique flirte avec le hard-FM de nos jeunes années – enfin, surtout des miennes –, il a également le bon goût de garder un pied (ou une oreille) dans notre époque. Un morceau comme « Death of Jane Doe », malgré tous ses éléments convenus, emprunte par moments au métal progressif.
Bon, certes, en fait d’emprunt, on est plus au niveau « tu peux me passer dix balles pour une bière? » qu’à celui de la dette grecque, mais c’est déjà ça. Reste qu’aussi convenu qu’il soit, le métal de Triosphere est bougrement efficace et, s’il aligne les clichés, ça ne l’empêche pas de frapper juste et, parfois, de frôler l’épique, notamment sur « Worlds Apart ».
Avec une moon-boot dans les années 1980 et un orteil en 2010, Triosphere ne donne pas vraiment dans la nouveauté; à vrai dire, ils me font un peu penser à ces groupes de prog qui font du « à la manière de » 1970. Mais force est d’admettre qu’ils le font bien et que The Road Less Travelled est un album qui sonne bien aux oreilles; il faut certes supporter le genre, mais le métal à la papa et sans chichis, ça a son charme.