On pouvait au printemps 2005 se rendre au cinéma et y entendre les chansons douces et mélancoliques de Iron And Wine, présentes coup sur coup sur la bande-son de Garden State et En Bonne Compagnie. Joli marchepied pour Sam Beam, qui ne s’en tenait pas là et multipliait singles et mini-albums, avec en point de mire un disque sublime enregistré en (bonne) compagnie de Calexico, l’inusable In The Reins (2005), et une tournée marathon dans la foulée. Son très attendu troisième album tient aujourd’hui les promesses faites alors et vient titiller Sufjan Stevens sur le terrain d’un folk moderne où évidence mélodique et complexité harmonique se conjuguent au plus que parfait. Rarement avec les ingrédients les plus classiques du folk et de la country aura-t-on imaginé musique aussi singulière et magique. À la valse habituelle des couplets et refrains, Sam Beam préfère développer ses mélodies lumineuses en motifs répétitifs, leur laisser le temps d’imprimer les esprits en jouant sur des textures instrumentales d’une richesse stupéfiante (le crescendo de Lovesong Of The Buzzard, avec orgue et accordéon). Les rythmiques tiennent ici une place fondamentale, assurées par des percussions, des claquements de mains, mais aussi une guitare acoustique qui s’enroule sur elle-même comme chez Ali Farka Touré (House By The Sea ou le single Boy With A Coin). Pour autant, jamais l’audace musicale qui guide ces chansons miraculeuses n’intimide. De sa voix d’une douceur infinie, Sam Beam conduit des mélodies somptueuses, éclairées par des chœurs (Innocent Bones), des guitares en nombre (slide, acoustique, électrique, banjo) et des trouvailles incroyables. Qui écoutera les entrelacs de piano, marimba et harmonium entourer le chant brouillé du barbu taciturne saura d’instinct que Carousel est la plus belle chanson de l’année et The Shepherd’s Dog un très grand disque. (magic)
Si la qualité d'une chronique doit être proportionnelle à celle de l'album dont il est question, alors le dernier Iron and Wine a de quoi intimider les plus prolixes des chroniqueurs. Le dernier LP de Sam Beam, "Our Endless Numbered Days" était déjà un bijou de folk, mais "The Sheperd's Dog", plus riche et diversifié que le précédent, n'est pas loin de mériter le titre d'album de l'année, ou du moins de la saison...
Passées les premières écoutes, où le disque peine à accrocher l'attention de l'auditeur -le son paraît venir de loin, les voix semblent un peu étouffées, et l'instrumentation est sans doute trop sophistiquée pour marquer l'auditeur distrait-, le troisième album du Texan apparaît comme une véritable mine de richesses. L'instrumentation et les rythmes ont évolué; la participation de Calexico dans l'accompagnement de Beam n'y est sans doute pas pour rien. On a des rythmes plus enjoués, des emprunts à l'électro et aux musiques du monde, notamment au niveau des percussions, comme sur la chanson-titre "Wolves (Song of the Sheperd's Dog)". L'intervention du piano confère un accent jazz à des morceaux tels que "The Devil Never Sleeps", ou "Pagan Angel and a Borrowed Car". Si l'influence de Simon and Garfunkel reste prégnante (notamment dans "House by the sea"), une autre ombre vient se dessiner ici : celle de Tom Waits, dont Beam affirme qu'il a inspiré tout cet album. Globalement, on a un ensemble très élaboré musicalement, plutôt péchu, et surtout, nettement plus pop-rock que les albums précédents d'Iron and Wine. Mais ces évolutions n'empêchent pas Sam Beam de continuer à briller dans l'art qui a été jusqu'à présent le sien: celui d'une folk raffinée et intimiste. Des morceaux comme "Lovesong of the Buzzard", ou "Resurrection Fern" sont d'une sobriété et d'une tendresse rare, et devraient amadouer les plus endurcis d'entre nous. Même dans ses morceaux les plus chargés, Beam reste simple et garde la chaleur qui caractérisait "Our Endless Numbered Days". De quoi réchauffer les chaumières au creux de l'automne. (popnews)
Sam Beam, Texan d'adoption (Austin), nous a fait le coup du charme il y a trois ans avec Our endless numbered days. Guitares de sous-bois silencieux, voix de brise, harmonies de coin du feu. Longtemps, cette oeuvre modeste irradiera une chaleur simple et précieuse, et on se disait à propos de son auteur : fera-t-il mieux ? Car Mr Beam, on en était sûr, n'est pas un barbu néofolk sympa de plus. D'un EP plus électrique émergeait Jezebel, et pour tout dire on eût préféré qu'un morceau de cette eau-là (grande source Byrds) ouvre le présent disque. Faute de quoi, on a l'impression d'un bien bel ouvrage mais comme enrhumé jusqu'à l'éclaircie de la plage 8 (Resurrection fern). Là, les choses se précisent et Beam & Co. nous font décoller de cette étrange impression d'avoir entendu un vieux Crosby, Stills & Nash à travers le brouillard. Les écoutes répétées finissent par persuader l'auditeur que ce fog musical a lui aussi un pouvoir, mais c'est pourtant au dernier quart de l'album que nous ramène le goût des mélodies tricotées main ; là que se réverbère le mieux l'écho de la grotte fictive où vibre à l'écart des bruits du monde ce faux ermite vraiment enchanteur. (Télérama)