"Written on these pages is the ageless, wisdom of the sages. Ignorance is contagious."
'The Sun Rises in the East' a la particularité d'être le premier album entièrement produit par DJ Premier hors des bases de Gang Starr. Qu'on se le dise, c'est un putain d'événement dans le hip-hop. Tout le monde rêve (que ce soit en cette année sainte 1994 ou maintenant) d'avoir ne serait-ce qu'un seul morceau dont Preemo serait le prod. Ici c'est TOUTE la galette qui l'est alors autant vous dire que ça envoie du gros bois.
Jeru the Damaja a fait sa première apparition vinylique avec Gang Starr sur le très bon 'Daily Operation' ("I'm the Man") deux ans auparavant, ainsi que sur 'Hard to Earn' ("Speak Ya Clout") quelques semaines avant le présent album. Flairant les qualités indéniables du jeune rappeur de Brooklyn, DJ Premier n'hésite pas à le prendre sous son aile. Je doute qu'il y ait mieux pour débuter une carrière que d'avoir le luxe et le privilège de s'octroyer les services d'un tel dabe.
The Sun Rises in the East est un opus assez spécial. Primo, l'atmosphère. Elle oscille constamment dans un entre-deux. La rudesse de la constatation de 'The Infamous', l'esprit frondeur et hardcore de 'Illmatic', les lyrics digne de 'Ironman' et le flow ravageur qui serait un savant mélange de 'The Low End Theory' et 'Liquid Swords'. Vous visez ce que je veux dire là ? On navigue dans un océan de diamants quand on associe tous ces albums magiques. Mais imaginez donc un LP 10-tracks (en excluant les skits) où toutes ces influences sont réunies. En fait ce qui fait la force majeure de cette release c'est qu'il n'y a - paradoxalement - aucun morceau catchy qui ne prévaut sur les autres. Certes "You Can't Stop the Prophet" et "My Mind Spray" sont deux tueries mais il n'empêche qu'ils n'étouffent absolument pas les 8 autres titres. C'est un ensemble hyper cohérent où le but n'étant pas de faire du gringue ni flatter les masses. Car oui, je trouve qu'il n'est pas super facile d'accès ce 'The Sun Rises...' à la première écoute; dans ses beats mais surtout dans ses paroles.
Métaphysiques ("D. Original"), allégoriques ("You Can't Stop the Prophet"), introspectives ("Ain't the Devil Happy") avec une recherche de la connaissance de soi versus l'ignorance spirituelle, traitant même dans "Da Bitchez" des femmes fades et sans classes. Celles qui ne cherchent que la dorure, le vison, les diamants, les grosses bagnoles, etc.
Ainsi beaucoup de sujets sont passés au crible. On a ici affaire à une œuvre quasi philosophique d'un jeune homme de 22 piges dont le phrasé naturel va de paire avec une production racée. Cette association entre Jeru et Preemo fait date à plus d'un titre.