Keith Jarrett - The Survivors' Suite (1977)
Un album qui a beaucoup cartonné à sa sortie, malgré une pochette peu amène, il faut dire que l’album est somptueux, il m’a laissé un très bon souvenir et une empreinte forte. L’idée me vient de confronter l’écoute d’aujourd’hui à mon souvenir d’alors. Nous avons désormais un grand recul sur le travail de Keith Jarrett et beaucoup l’ont aimé au travers de nombreux albums, moi le premier. Son champ d’action est très large, de l’easy listening de haute qualité, en passant par une parfaite connaissance des standards, et pratiquant même des « ouvertures » vers la musique classique.
Ici pas d’ambiguïté, l’album s’inscrit dans une continuité et une progression logique, si ce n’est qu’il atteint une sorte de perfection. Jarrett ne joue pas seulement du piano, mais également du saxophone soprano, du célesta, bass recorder et osi drums. Dewey Redman joue du saxo ténor et des percussions, Charlie Haden de la basse et Paul Motian de la batterie et des percussions.
L’équipe ici est à un sommet, que ce soit le sax déchirant et nostalgique de Dewey Redman, la basse aux sonorités hispaniques de Charlie Haden, dramatique à souhait, ronde et très en avant, elle concourt beaucoup à la magie qui se met en forme ici. Il faut aussi parler du coloriste Paul Motian, discret, habile, souvent lointain, mais son jeu de cymbales est lumineux. Il faudrait encore parler du lyrisme de Keith, mais est-ce utile ? Chacun sait ce qu’il en est…
Je suis surpris de la vitesse à laquelle file la musique, ce sentiment que l’album n’a rien perdu de sa puissance au fil des années, keith Jarrett est particulièrement inspiré en cette fin de face A et Dewey Redman ouvre la face B avec un solo déchirant, porté par la rythmique qui dérape et frôle le free, un démarrage dont la violence s’efface sous les doigts de keith qui nous embarque dans son navire et nous emmène vers un voyage enchanté, écrivant une des plus belle plage du label ECM, toute époque confondue.