Il y a des groupes comme ça, qui s’amusent à ressusciter de nulle part après vingt ans d’absence: le dernier album d’It Bites, Eat Me in St. Louis, date de 1989. Maintenant, niveau résurrection musicale, on a déjà vu des catastrophes majeures; The Tall Ships n’en fait pas partie. Sans être l’album du siècle, de la décennie, ni même de l’année, il fait plutôt bonne figure –c’est même un des plus intéressants des six derniers disques que j’ai acheté ces temps.
Musicalement, It Bites est sans doute le groupe qui exemplifie la raison pour laquelle les vrais fans de rock progressif méprisent intensément le néo-prog du milieu des années 1980, qui tentait de réconcilier rock progressif et succès commercial en lorgnant éhontément sur la pop pour tenter de passer sur la bande FM.
The Tall Ships illustre clairement cette tendance en proposant une musique très agréable à l’écoute, avec de belles harmonies vocales, des passages énergiques et des plages plus calmes, beaucoup de recherche dans les mélodies, mais des compositions somme toute convenues pour ne pas faire fuir le chaland, peu au fait des acrobaties rythmiques et des morceaux épiques de vingt et une minutes.
S’il s’appuye sur à peu près les mêmes recettes que Eat Me in St. Louis, The Tall Ships sonne redoutablement contemporain. Je recommande chaudement cet album aux fans du groupe, ainsi qu’à tous ceux qui cherchent une porte d’entrée dans le prog plus proche d’Asia que de Van der Graaf Generator. Si tous les albums de pop pouvaient être de ce niveau, j’appréhenderais moins d’écouter la radio.