The Varangian Way constitue sans doute l’album qui évoque chez moi le plus de sentiments contradictoires. Découvert il y a quelques années, je n’arrive toujours pas à trancher si oui ou non j’aime ce second album de Turisas. Je me surprends à y revenir de temps à autre, toujours attiré par le son assez brut du métal qui confère une vraie puissance aux sonorités vikings, et pourtant j’en ressors systématiquement avec une pointe d’amertume, jamais totalement conquis.
La raison ? J’ai un problème avec les voix de Death Metal qui ont légèrement tendance à écorcher mes pauvres tympans. Si j’admets que ce chant guttural requiert rigueur et technique, je n’accroche pas et je ne lui trouve de l’intérêt que lorsqu’il est utilisé avec parcimonie et qu’il fait sens avec le morceau, ce qui n’est pas malheureusement pas toujours le cas dans cet album. Et paradoxalement, le chanteur a un timbre que j’adore en chant clair, ce qui ajoute davantage encore à ma frustration dès que le death refait surface.
Et pourtant, j’éprouve sans cesse un certain attrait pour cet album et son mélange singulier de métal et de mélodies épiques, auxquelles on associe immédiatement une influence viking. Turisas nous raconte ainsi le périple d’un groupe de Varègues qui traverse l’Europe de l’Est sur la route commerciale menant à Constantinople. Et l’instrumentation apporte une vraie ambiance à cette épopée qui commence par la sublime To Holmgard and Beyond. Mon écoute de ce premier morceau fut d’abord très positive et, en poursuivant avec A Portage to the Unknown tout aussi excellente, j’avais beaucoup d’espoir pour la suite. Mais la veine death metal finit par prendre le dessus et seule Miklagard Overture, qui conclut l’album, me touche plus particulièrement.
Je n’en oublie pas pour autant ces excellentes trouvailles qui parsèment l’ensemble : l’ambiance festive instaurée dans In the Court of Jarisleif, la sublime introduction au piano de Five Hundred and One, ou encore les nombreux chœurs masculins et féminins qui apportent une véritable plus-value à l’ensemble. Seule cette voix death trop présente à mon goût vient altérer mon jugement sur l’œuvre qui a pourtant des arguments à faire valoir.
The Varangian Way reste de mon point de vue un album maîtrisé et plutôt diversifié qui devrait plaire aux amateurs du genre. Pour les autres, qui comme moi apprécient moyennement le métal extrême, l’écoute sera sans aucun doute plus laborieuse même si on trouvera quelques éléments intéressants, voire terriblement accrocheurs. Une expérience mitigée donc, pour un album qui à la fois me fascine et me rebute.