Dans le panier des albums empoisonnés, celui-ci est certainement le plus toxique, le plus vénéneux, le plus dangereux mais aussi le plus fascinant.
Noir dehors (pochette noire, énigmatique), et encore plus noir dedans, il nous restitue un univers sonique terrifiant, à la frontière du malaise et de la folie. Et si la belle Nico apportait sa douceur sucrée sur certains titres du premier album, point ici de balade à la "Sunday Morning", mais bienvenue dans le royaume déjanté de John Cale et Lou Reed.
6 titres pour un album de légende à ne pas mettre entre toutes les oreilles avec, pour donner le ton cet hymne velvetien, "White Light/White Heat" qui en 2'46 repousse encore plus loin les limites du rock.
"The Gift" et "Lady's Dodiva Operation" sont deux magnifiques chansons torturées et malades ou la voix de John Cale fait des miracles.
Le climat s'adoucit une poignée de secondes, le temps de laisser défiler "Here She Comes Now", chanson entêtante et mystérieuse puis surgit "I Heard Her Call My Name", expérience bruitiste qui fait de la distorsion une oeuvre d'art musicale.
Enfin en piste 6, "Sister Ray" achève tout le monde et donne le coup de grâce. 17'37 de folie pure et de chaos sonore total, la plus underground des chansons de ce quatuor mythique sur le plus velvetien des albums est une ode à la déglingue, aux drogues dures et a la défonce ("Sister Ray" serait, parait-il, le nom donné par Lou a sa seringue).
Au-delà de la violence de cet album, demeure cette curieuse impression de spontanéité dans son élaboration
White Light/White Heat se pose en éclaireur de toute une génération de musiciens qui chercheront comme le Velvet Underground à faire de la musique sans retenue avec une liberté extrême, hors des sentiers battus et si loin loin des preoccupations consensuelles des classements des charts et des prestations télévisées.
Pour tous ceux qui se reconnaissent dans cette approche de faire de la musique ou d'en ecouter ce disque reste la référence absolue, le phare qui éclaire leurs nuits noires et désenchantées