Autre singer-songwriter compagnon de route de Devendra Banhart, Greg Weeks s’avère tout aussi prolifique que le fameux barbu. Nous ayant déjà gratifié en début d’année d’un magnifique album solo (Blood Is Trouble), il l’achève de manière identique en compagnie de son groupe Espers (d’abord un trio formé avec Meg Baird et Brooke Sietinsons, transformé aujourd’hui en sextet). Si ce second opus, composé pour l’essentiel de six reprises et d’un seul original, a sans doute été envisagé comme une transition, il n’en demeure pas moins une épatante réussite. Moins porté sur de longs et sinueux instrumentaux, le groupe laisse ici une place plus grande aux voix (de Baird et Weeks) et aux rythmiques (percussions, tambours), sans se départir toutefois du ton crépusculaire qui le caractérise. Passées dans le tamis sonore d’Espers, les reprises en question (deux tradionnels, et des titres de Durutti Column, Nico, Michael Hurley, Blue Öyster Cult) sont transfigurées, voire méconnaissables : la récurrence du désespoir, présent dans presque tous les morceaux choisis, est nuancée par la douceur du chant et une approche instrumentale constamment inventive qui enrobe la tristesse de lumineuses textures, irradiantes de beauté. Un décalage surprenant et bienvenu qui rend les textes d’autant plus émouvants. (pinkushion)