Il y a une demi-décennie, la place de The Year of the How-to Book au sommet des classements de fin d’année aurait été aussi âprement débattue que le sort d’un candidat de la Nouvelle Star. Le XXIe siècle était encore glabre et du Great White North, galvanisées par l’hallali sonné par Arcade Fire, déferlaient des hordes de musiciens travaillant la pop comme un matériau à mémoire de forme : qu’ils la tartinent d’arrangements symphoniques ou qu’ils la martèlent de rythmes dance-floor, elle restait, pour paraphraser Robert Wyatt, un art d’une complexité inversement proportionnelle à la platitude que beaucoup lui prêtent. Les membres d’Eagle Seagull ont beau venir du Nebraska, ils n’auraient aucun mal à obtenir la naturalisation canadienne. Il leur suffirait pour cela de faire valoir ce deuxième album tour à tour épique (You’re the Reason Why I’m Afraid to Die) et passionnel (I Don’t Know If This Is Ignorance or Transcendance) durant sa douzaine de chansons denses et touffues en toute saison. Oui, vraiment, il y a une demi-décennie, on aurait adoré ces combinaisons de choeurs lyriques, cordes romanesques, guitares désarticulées et claviers atteints de trouble bipolaire. Aujourd’hui, on les trouve “juste” très réussies. (inrocks)