En cette année 1984, Frank Zappa décide de se faire plaisir sans tenir compte des contingences commerciales. En début d'année sont sorties ses premières compositions atonales interprétées par l'Ensemble Intercontemporain de Pierre Boulez, ainsi que ses premières compositions au Synclavier,. Il a également en chantier un gros projet de comédie musicale qu'il aimerait présenter à Broadway. Il ne lui reste plus qu'à mettre sur pied un projet rock. Répondront présent Napoleon Murphy Brock et George Duke, mais aussi Johnny "Guitar" Watson, Roy Estrada, ses enfants Dweezil et Moon Unit et tout un tas de collaborateurs du passé et du présent. De quoi faire une belle fête musicale.
Cela commence par un Doo-wop réjouissant, tel qu'il en a le secret, pour se poursuivre par un blues irrévérencieux (In France), avant d'aborder un morceau plus biscornu. On passe allégrement d'un genre à l'autre, le but étant manifestement de se faire plaisir. La suite le prouve, car on passe directement à une version reggae du célèbre morceau "Sharleena", puis à l'envoûtant "Sinister Footwear", morceau plus complexe, composé par Steve Vai, où FZ nous gratifie entre autres de plusieurs solos de guitare éblouissants. Le premier disque se terminant sur un long morceau de 9 minutes, où FZ chante d'abord avec sa voix de crooner sur un air nonchalant pour poursuivre sur un long solo exubérant.
La seconde galette démarre sur les chapeaux de roues, avec un morceau de hard parodique créé de toute pièce pour Steve Vai (Stevie's Spanking), suivi d'un court air enfantin, puis du second morceau composé par Steve Vai, mais moins percutant que le précédent. Cette troisième face se termine sur un bucolique "Planet of my Dreams" où la voix de Bob Harris fait sensation. La dernière face commence par un parodique "Be in my video" se moquant des artistes créant des vidéos commerciales vides de sens. Puis, on a de nouveau droit à un long solo de guitare, avant d'entendre un curieux morceau dont les paroles ont été inventées par Ahmet Zappa, alors âgé de 10 ans. L'album se terminant sur une superbe reprise des Allman Brothers "Whipping Post".
Cet album, bien que décousu, tient ses promesses. Il est jouissif et divertissant, que demander de plus ?