This Light I Hold, ou quand la maturité musicale rencontre le fan-service.

Il faut savoir que Memphis May Fire est un groupe qui me tient vraiment à cœur. Ils n'ont jamais sorti un seul morceau qui m'ait déçu et je pense que ce n'est pas prêt d'arriver. Je les ai vus une fois Batofar et une fois au Bataclan, et ce sont de grosses machines en live, tout est nickel. Je n'ai pas eu la chance de les revoir depuis la sortie de leur album Unconditional en 2013, mais je sais que maintenant leurs sets live sont beaucoup plus pros et moins undergrounds, réglés au poil sans une note de travers, chaque concert est une performance quasi parfaite. Je risque peut-être de cruellement manquer d'objectivité.


*


1 - Memphis May Fire - Out Of It
Encore un album sans intro, c'est la deuxième fois consécutive, et c'était à prévoir. En effet, la perfection et l'efficacité indéniable de l'intro Without Walls de leur album Challenger est inégalable, et ils le savent. Quelle epicness en live cette intro. Non ici le quintet (depuis amputé d'un guitariste) entre directement dans le vif du sujet en nous servant un morceau à mi-chemin entre l'époque Challenger et l'époque Unconditional. Un moyen facile de capter automatiquement l'attention des fans présent depuis l'explosion médiatique du groupe en 2012. Au niveau des paroles la recette du monologue à la première personne fonctionne une nouvelle fois. On pourrait peut-être reprocher à cette première chanson son manque d'originalité. Le refrain est excellent mais sonne très déjà-vu pour le groupe, on pourrait croire à un morceau prévu pour un des anciens albums. Mais encore un fois le but est de capter d'emblée l'attention des fans avec quelque chose qu'ils connaissent déjà.


2 - Memphis May Fire - Cary On
Avec ce premier single sorti à la fin de l'été 2016, Memphis May Fire annonçait la couleur : un retour aux sources aux touches plus violentes de leur tant adulé album The Hollow. Le morceau est d'une efficacité exemplaire, comme se doit de l'être un single. On remarquera qu'il est très linéaire, très structuré, calibré pour rallier la foule et annoncer l'arrivée d'une nouvelle ère mêlant l'ancien au renouveau. Les paroles sont encore une fois personnelles et centrées autour de l'espoir, comme beaucoup des texte du groupe quand ils ne sont pas centrées sur Dieu. On pourrait penser qu'au bout de trois albums centrés sur le sujet, la recette serait écœurante, mais ça n'est pas le cas. Matty Mullins parvient à jouer avec les mots avec une dextérité incroyable tout en faisant des textes très simples.


3 - Memphis May Fire - Wanting More
Ce troisième single est le premier morceau de l'album à rentrer complètement dans le nouvel univers de ce nouvel opus. La cadence mère est très groovy à la manière d'un Vendetta chez Slipknot en 2008. Tout est là, le refrain catchy, les couplets ravageurs, les breakdowns et autres rythmiques destructrices, la recette Memphis May Fire fonctionne toujours après tant d'année et n'est pas prête de s'arrêter. Côté texte les paroles sont tournées vers l'avarice, du gras rêve américain, et du cercle vicieux dans lequel on s'y perd.


4 - Memphis May Fire - Sever The Ties
Aucun OVNI pour l'instant. Le groupe est reconnaissable à la première note de chaque chanson jusqu'ici. Est-ce une bonne chose ? Je pense que oui. Quand on écoute du Memphis May Fire, on veut du Memphis May Fire. Et même si la recette est toujours là même, à aucun moment on la trouve lassante. Les riffs de Kellen McGregor sont tous plus impressionnants les uns des autres, d'une construction assez complexe pour être dépaysé des autres groupes du genre mais sans tomber dans le technique ou le progressif tant à la mode. Les sonorités presque orientales du morceaux nous renvoient directement à l'époque The Hollow et c'est un véritable cadeau fait aux fans de longue date, car même si cet album commence à prendre de l'âge, il n'en reste pas moins pour beaucoup la meilleure oeuvre du groupe jamais composée. Les paroles sur la déception qui restent très courante dans le répertoire du groupe.


5 - Memphis May Fire - The Enemy
Le titre fait directement référence à l'album The Hollow qui ne se composait que de titre sous la forme de "The [...]". Memphis May Fire nous offre ici un morceau finalement assez différent de ce qu'ils font habituellement. On reste dans le même style mais on sent qu'une autre piste a été explorée pour ce morceau. C'est là que brille Kellen McGregor, c'est un véritable compositeur qui sait sortir des sentiers battus quand il le faut. Le refrain est assez déroutant au final car on ne s'y attend pas du tout, mais il sonnerait presque comme un refrain de Imagine Dragons, c'est assurément une chanson que le groupe ne jouera jamais en live, elle est faite pour être écoutée sur CD mais n'a pas ce qu'il faut pour être jouée sur les planches.


6 - Memphis May Fire - This Light I Hold feat. Jacoby Shaddix
Deuxième single de l'album éponyme qui tape directement dans la violence avec Jacoby Shaddix de Papa Roach en featuring qui ouvre le morceau. S'en suit cette fameuse rythmique groovy qu'on retrouvait déjà dans le troisième morceau de l'album ; c'est nouveau, et c'est vraiment bon. Le morceau reste très structuré et calibré pour la radio et la promo de l'album, tout en étant tout de même assez violent. On sent vraiment que les lignes de chant de Jacoby ont était faites par Matty Mullins, tout comme les paroles. C'est peut-être mieux ainsi, on garde une unité dans le morceau. A noter que le clip est rempli des têtes connu de la scène alternative Américaine, c'est toujours cool de les voir tous au même endroit.


7 - Memphis May Fire - That's Just Life
Première (et seule) balade du groupe sur l'album, et elle n'est pas de trop. L'album est assez compact et efficace, une pause est la bienvenue pour assimiler la très riche décharge de violence qui vient de nous être envoyée. Memphis May Fire nous a déjà fait quelques balades, que ce soit à travers des compositions originales ou des revisites de leurs morceaux, mais jamais une seule n'a été comparable à une autre. Chacune a son propre univers, et aujourd'hui celui de That's Just Life est très nostalgique. Les sonorités de la piste nous renvoient directement à l'époque des années 2000 gouvernée par Staind, Seether, Evanescence, et toute cette famille mélo le grunge et le neo metal mélodique en restant dans la thématique mélancolique qui était si recherchée à cette époque de l'âge d'or du metal. On peut reprocher à cette chanson d'être le premier morceau religieux de This Light I Hold, mais que serait un album de M**emphis May Fire** sans hymnes à Dieu.


8 - Memphis May Fire - Letting Go
Superbe intro assez électronique qui rappelle que Memphis May Fire c'est aussi un groupe qui a longtemps joué sur beaucoup de samples, surtout dans Challenger. Le morceau est très bon, peut-être même mon préféré. Les sonorités sont géniales et rendent honneur aux maîtres du metalcore des années 2007 comme As I Lay Dying ou plus récemment Wovenwar. On ressent l'espoir se dégager naturellement du morceau sans même en écouter les paroles. Ce refrain est assez différent de ce que fait le groupe habituellement, on est presque dans un autre style. Le soucis est que le morceau sonne comme une outro d'album, alors qu'il reste encore 5 chansons. On notera une très légère touche à la Jonny Craig dans les lignes de chant du couplet et une très grosse mise en valeur de Jake Garland à la batterie.


9 - Memphis May Fire - The Antidote
Sans transition, coup de pelle en plein visage, le groupe repart sur une rythmique violente refaisant appel à cette fameuse cadence groovy déjà citée deux fois plus haut. Le morceau est différent. Plus on s'enfonce dans les méandres de l'album, plus il en devient original. La chanson mélange des chœurs en gang vocals à la Fall Out Boy avec de grosse rythmiques parfaitement screamées par un frontman qui est sans contexte l'un des meilleurs chanteurs du style dans sa génération. Et tout d'un coup, sans prévenir, le morceau se transforme pendant 13 seconde en tube heavy/thrash metal avec le premier solo de guitare de l'album pour s'arrêter aussi brusquement qu'il était arrivé. C'est un choix assez brave pour intégrer un solo dans leur morceau sachant que le groupe n'a jamais vraiment habitué ses fans à ce genres d'exubérances musicales.


10 - Memphis May Fire - Better Things
Intro quittant pratiquement toutes sonorités Memphis May Fire. Comme dit juste au dessus, l'album est de plus différent au fil des pistes, Better Things étant presque expérimentale tellement les riffs de guitares et de batterie s'éloignent de ce qu'on fait le groupe jusqu'ici. Un autre chanteur sur le morceau m'aurait presque fait croire à un autre groupe, presque. Comme d'habitude, aux trois quart du morceau, le quintet brille d'un incroyable breakdown précédé de cette célèbre monté en puissance qui les carractérise. La structure du morceaux reste très classique à ce que fait Memphis May Fire, mais ça s'arrête là, nous avons trouvé l'OVNI de l'album.


11 - Memphis May Fire - Not Over Yet feat. Larry Soliman
Cette onzième piste laisse une gros place à la partie electro samplée de Memphis May Fire qui avait tendance à avoir été oubliée sur l'album précédant. C'est toujours bon d'entendre que le groupe ne les avait que momentanément laissés de côté. Le refrain est très pop-rock-2010, c'est assez catchy et c'est efficace. Vient ensuite le featuring de Larry Soliman que je ne connais pas. Le chanteur a une voix trop classique dans le style pour que sa brève apparition soit intéressante au morceau, ça n'apporte rien.


12 - Memphis May Fire - Unashamed
Avant dernier morceau directement extirpé dans années 2011 et 2012. Décidément, cet album est vraiment un hommage au précédents opus, tout est là, et Unashamed en est le parfait exemple. Quand soudain un pont presque mystique prend le dessus sur la chanson et montre qu'après toutes ces surprises Memphis May Fire en a encore dans le sac. Ils n'hésitent d'ailleurs pas à continuer progressivement à travailler ce pont à la méthode Periphery. Malheureusement, le morceau est peut-être un peu trop déstructuré : le manque de cohérence entre les différentes parties de la chanson sautent à l'oreille. En écoutant Unashamed on pourrait presque se dire que c'est une B-side qui n'aurait pas été retenue pour l'album final.


13 - Memphis May Fire - Live It Well
Live It Well, treizième et dernier morceau de l'album, démarre sur les chapeaux de roues. Dès les premières notes on sent que c'est le dernier morceau de la galette. On ressent toute l'excellence de Memphis May Fire réunie dans une seule piste et à aucun moment le morceau s’égare. Avons nous affaire au meilleur morceau de l'album ? Musicalement oui, c'est possible. Le regret inévitable que beaucoup auront est que le morceau sort de son ambiance si particulière au bout de 1:20, alors que cette atmosphère frôlait la perfection pour clôturer l'album sur une composition respirant l'espoir.


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This Light I Hold est un album sur lequel il n'y a pas vraiment beaucoup de choses à dire, tant il n'est pas original. Memphis May Fire nous a habitué à une évolution significative entre chacun de ses 4 premiers albums,or, ici, ce nouvel opus est un metling pot des trois derniers. Je dirais même qu'il est la suite directe de leur deuxième album The Hollow, mais avec 6 ans d'expérience musicale en plus, et le retour d'un son et d'un chant beaucoup plus violent.


Les fans de la première heure regretteront le manque totale de sonorités southerncore qui ont été la base du groupe. Pas un seul morceau, pas un seul couplet, pas une seule note ne va dans cette direction, et c'est fort dommage quand on sait que dans l'album précédent le groupe avait réussi à intelligemment intégrer ce style si particulier à leurs compositions plus modernes.


This Light I Hold est définitivement un album fait pour plaire, que ce soit aux vieux fans ou aux nouveaux. Les seuls déçus seront ceux qui s'attendaient à une évolution, mais je pense sincèrement qu'il était temps de faire le point pour marquer la fin d'une ère avec ce cinquième opus, avant de continuer la route du renouveau musical

ROY21
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le 6 juin 2017

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