Tout s'efface avec le temps, mais il est des blessures qui ne cicatrisent vraiment jamais...
L'histoire de cet album est déjà très connue, le premier de la trilogie sombre qui s'achèvera avec Tonight's the night...


Rapidement le contexte: Après le succès planétaire de Harvest, une giga tournée USA-Europe est organisée. Danny Whitten est tellement raide qu'il lui est impossible d'assurer sa tache, Neil lui paie un billet d'avion retour et lui donne un peu de cash. Le lendemain Danny meurt d'une overdose, gros sentiment de culpabilité du loner.


La tournée débute mais Neil refuse de jouer en majorité les titres d' Harvest, prenant le public à contre-pied, il impose un répertoire principalement composé d'inédits. Il devient irascible, se fâche avec ses musiciens et abuse de Tequila. L'incompréhension est à son comble, son jeu devient plus agressif, il massacre les titres d'Harvest, chante en poussant la voix avec exagération, s'épuisant dans le cri. Moins d'un mois après le début de la tournée Kenneth Buttrey, son batteur, se casse, il sera remplacé par Johnny Barbata... Neil Young fait alors appel à ses deux complices David Crosby et Graham Nash pour venir le suppléer, particulièrement au chant, il est atteint de nodules à la gorge. Finalement la tournée ne visitera pas l' Europe, Neil arrêtera bientôt les frais et jouera son dernier concert à Salt Lake City. Il va cependant se produire dans les clubs afin d'achever les enregistrements de Time Fades Away.


Neil n'aime pas cet album, pour des raisons techniques, c'est le seul qui ne sera jamais réédité en CD, même si on verra, sur le tard, apparaître une version pirate. Cette difficulté à transcrire le son aux normes du Cd serait due à l'entêtement de Neil qui refusait l'emploi d'un matériel adapté à l'enregistrement de ses concerts. Les rumeurs indiquent que l'album paraîtrait pour la première fois en version officielle sur support CD lors de la parution du volume deux des archives.


"Le temps passant" l'album prit, peu à peu, une dimension mythique... Le côté crade du son, l'aspect éraillé de la voix, le côté approximatif du chant, les excès qui entourèrent cette tournée tombée dans un engrenage malsain, dépressif et torturé. Tout concourra à donner à cet album une "aura" particulière, un côté Punk qui, plus tard, vaudra à Neil le surnom du grand-père du Grunge.
Reste la beauté des compositions, particulièrement les sublimes "Don't be denied" et "Journey through the past". Reste aussi l'énergie qui fait le rock comme sur "Last dance" ou "Yonder Stands The Sinner".


L'histoire du rock aime les disques maudits mais sans doute faut-il être mesuré dans l'éloge et sans doute est-il exagéré de voir là le meilleur album du Loner.

xeres
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le 11 mars 2016

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