Ah just to sleep, without these thoughts

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Pardon.


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Evidemment, je me suis encore trompé.


C’est compréhensible ceci dit, puisque Tinderbox, septième album de Siouxsie and the Banshees, partage son visuel avec ses prédécesseurs, à savoir une photographie de tornade prise par Lucille Handberg en 1927.

Est-il question de tornade avec cet album de 1986 ? Le titre laisse penser en tout cas que l’explosion est imminente, ou qu’elle a eu lieu. L’interprétation est libre.

Ceci dit, deux ans ont passé depuis Hyeana, ce qui est long dans la temporalité du groupe à l’époque bien que l’EP The Thorn de 1984 ait un peu comblé l’attente durant laquelle le groupe a pansé ses plaies. Il a surtout été l’occasion pour John Valentine Carruthers de faire ses débuts en tant que nouveau guitariste du groupe, un lourd héritage à porter après trois talentueux prédécesseurs dont au moins un génie.

Le passage de témoin sera tout à son honneur, le son des Banshees ne se voit pas radicalement transformé par son arrivée. C’est plutôt progressivement donc, que les Banshees se dirigent vers la pop, avec un album marqué par des sons plus synthétiques, confirmant leur ligne qui privilégie désormais les ambiances aux riffs énervés de leurs débuts.

Y a-t-il un lien à chercher avec le succès retentissant rencontré par Robert Smith avec The Cure ? Il est vrai que les collègues des Banshees ont avec The Head on the Door atteint une reconnaissance internationale et populaire et que Robert Smith s’apprête à remplir les stades. On peut imaginer que les Banshees, doublés par leur poulain, ont tenté de se tailler une part du gâteau, ce ne sont que supposition.


Comme souvent, l’album s’ouvre sur un titre fort. Candyman cristallise ce que sera le son des Banshees au long de cet album. La basse de Severin toujours maîtrisée est au cœur de toutes les orchestrations, Budgie, frénétique, mène la danse de sa batterie toujours très mise en avant. Carruthers, en retrait par rapport à ses prédécesseurs, trouve quand même un espace où s’exprimer. Cependant, virage pop oblige, c’est le travail sur la voix de Siouxsie qui prévaut. Ici elle joue de toute sa palette, impérieuse ou moqueuse, plaintive ou charmeuse. Comme très souvent, c’est d’ailleurs la chanteuse qui se charge de l’écriture. Le texte mêle naïveté enfantine et horreur lovée sous une couche sucrée. Le morceau regorge d’ailleurs de friandises auditives, du changement de tonalité autour des deux minutes, des “gnagnagnagna” qui ponctuent les phrases en deuxième partie de morceau aux virevoltes de la guitare de Carruthers. C’est le premier single de l’album, avec un clip qui montre Siouxsie sous sa forme la plus iconique, cheveux ébouriffés noirs de jais et maquillage de Theda Bara inclus.

The Sweetest Chill et ses claviers apaise l’ambiance, la voix de Siouxsie épouse la mélodie comme un fourreau de velours. Elle est d’ailleurs de plus en plus souvent démultipliée et tisse tout autant l’atmosphère du morceau que les nappes de guitares et la basse caractéristique de Severin.

La douceur du morceau le conduit en une transition parfaite avec le suivant, This Unrest, pourtant nettement plus menaçant. Si le titre garde le côté sombre et inquiétant des débuts, l’énergie y est cependant contenue. Le groupe occupe l’espace que lui laisse Siouxsie, laissant même à Carruthers le temps de s’exprimer. Malgré toutes ses qualités, le morceau s’éternise un peu, au point qu’il peine à se trouver une fin et termine sur un fondu.

Si on craignait la panne d’inspiration, Cities in Dust rassure. Le second single de l’album est une totale réussite pop. Les synthés y sont très présents, la rythmique est irrésistible, et bien sûr, Siouxsie et son chant presque yodlé achève d’ancrer le morceau pour des décennies. C’est évidemment un des titres les plus célèbres du groupe, redoutable d’efficacité malgré sa thématique inspirée de Pompéi. On note les sons de cloches synthétiques et la présence d’une boîte à rythmes, ingrédients qui rendent la chanson immédiatement reconnaissable. (Ceux qui connaissent mon aversion pour les fondus en fin de chanson pourront noter la courtoisie avec laquelle je ne m’étends pas sur le sujet).

Cannons, donne l’occasion à Budgie de montrer encore une fois la fièvre de son jeu. Ce joli morceau aux paroles apocalyptiques est d’une élégante fluidité. Siouxsie se paie le luxe de fredonner de sa voix grave, sur un ton détaché et naturel qu’on ne retrouve que très rarement.

Party’s Fall marque un peu moins, malgré une énergie renouvelée et une maîtrise évidente du groupe. Il possède de beaux passages flottants et un travail sur la voix de Siouxsie, doublée, très méticuleux.

92° est nettement plus intéressant. S’ouvrant sur un sample de It Came From Outer Space, c’est un morceau plus long qui voit progressivement s’installer une ambiance héroïque et mélancolique à la fois. Les voix modifiées ressemblent à des cordes, et l’éclat survient autour de 3 minutes 20, avec le phrasé de Siouxsie qui s’accélère. Étrangement, on est en pleine ambiance gothique, pas loin de Sisters of Mercy par moments.

La conclusion arrive avec le bien nommé Lands End qui débute sur un très beau ballet entre la guitare et la basse qui se répondent. Comme le morceau précédent, les choses s’accélèrent au premier tiers du morceau. La fin s’emballe davantage, dans des ambiances assez proches de Hyeana sans en atteindre la folle cavalcade. C’est une très belle façon de conclure, une invitation fantomatique au voyage, s’il n’y avait cet impardonnable fondu !


Si l’on considère cet album comme la déclaration d’intention de s’approcher peu à peu d’une pop indé toute particulière de la part de Siouxsie and the Banshees c’est réussi. Le groupe évolue sans se trahir et en continuant à marquer la musique de son empreinte. Tinderbox n’est pourtant pas tout à fait aussi explosif que son titre le laisse penser. On a plutôt l’impression d’écouter un album apaisé, construit sur une recette éprouvée. L’arrivée de Carruthers à la guitare s’est faite naturellement et le nouveau son du groupe, qui émerge ici, aura tout loisir de s’affirmer avec le temps. Il faut en outre noter les paroles apocalyptiques particulièrement hallucinées de Siouxsie qui tranchent avec l'aspect plus lisse de leur musique. Si on était un peu chagrin, on dirait qu’il manque à Tinderbox un peu de la grandeur et de la folie qui ont traversé le groupe sur ses périodes précédentes, ce serait oublier les joyaux que sont Candyman, Cities in Dust et Cannons par exemple. S’il est l’un des deux albums sur lesquels je reviens le moins souvent, c’est un avis que beaucoup ne partagent pas et bien des personnes avisées vous recommanderont Tinderbox comme un incontournable.





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le 20 sept. 2023

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I-Reverend

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