Parmi les centaines de disques pirates de Frank Zappa disponibles, certains ont été "officialisés" par lui-même dans la série "Beat the Boots" (c'est le cas de cet album). Il permettait ainsi à ses fans de pouvoir s'acquérir facilement ces exemplaires tout en ne devant plus dépenser une fortune pour se les procurer, et, bien sûr, de pouvoir lui-même bénéficier des retombées financières de la vente de ces disques pirates. Astucieux.
Ce disque illégal "'Tis the Season to Be Jelly" présente quelques particularités intéressantes : c'est d'abord le tout premier document en public des Mothers of Invention disponible à l'époque pour ses fans, de plus l'enregistrement est potable pour un bootleg, et donne ainsi une idée de l'ambiance et du contenu de ces concerts. Le désavantage étant la durée, à peine 37 minutes, trop courte pour donner l'idée de ce que comportait un concert complet. On a donc ici un échantillon qui donne une idée parcellaire des compositions du groupe, axée sur l'aspect parodique pour la face A et sur l'improvisation et l'expérimentation pour la face B.
On y trouve, par exemple, qu'un un seul morceau (Big Leg Emma) de l'album "Absolutely Free" sorti 4 mois plus tôt. Par contre on y trouve deux chansons de l'album "Freak Out" sorti 15 mois auparavant. Une de celles-ci (You Didn't Try To Call Me) débutant d'ailleurs le disque, l'autre (It Can't Happen Here) le clôturant. Toute la face A est composée de chansons composées sur le ton parodique, avec e.a. cinq reprises, une des Crows (Gee), deux d'Elvis Presley (Blue Suede Shoes et Hound Dog), une des Dovells (Bristol Stomp), et une autre des Supremes (Baby Love), un morceau faisant référence à Stravinsky (Petroushka), un autre à Tchaikovsky (No Matter What You Do).
La face B, plus intéressante encore, est composée d'une improvisation autour du thème "King Kong", et vaut à elle seule le détour. Même si d'autres versions plus intéressantes et plus complexes seront produites par la suite, on a ici la première trace enregistrée de ce morceau mythique. Le morceau qui suit (It Can't Happen Here) clôture parfaitement l'album en nous faisant assister aux délires expérimentaux du groupe, on peut, par exemple, y entendre un membre du groupe imiter le son d'une bande passant à l'envers. Don Preston en particulier y excelle avec ses oscillateurs et diverses manipulations électroniques dont il a le secret.
Lien vers l'album disponible sur la toile :
https://www.youtube.com/watch?v=iARmGg5ufEQ