Par Thomas Le Goff
On annonçait ce troisième album de Tortoise comme celui de la reconnaissance incontestée, et on ne s'est pas trompé. Ce à quoi on ne s'attendait peut-être pas, c'est à un album qui ne cède pas à la facilité, qui évite les poncifs -et notamment les étiquetages à la mode : post rock, avant rock...- et qui s'impose par la sûreté des choix et la qualité remarquable des compositions. En effet, le collectif -géométrie variable, même si John McEntire peut être considéré comme le maître d'œuvre- de Chicago impressionne par sa capacité à recycler toutes sortes d'influences fortes -Kraftwerk, Art Ensemble of Chicago, Pharoah Sanders, Can-, à naviguer au large des idées reçues (combien ont cherché à ne voir en Tortoise que des cloneurs doués, des jazzeux prétentieux ratant leur fusion), et à donner, à chaque fois, une telle impression de nouveauté. C'est net et précis, dans le laboratoire à sons de Tortoise, on élabore ce qui de fait de mieux en matière de musique d'aujourd'hui- et de demain. Leurs dernières expériences dans les domaine des remixes, des collaborations ou des side-projects (Isotope 217, Directions, The For Carnation, U-Sheen, The Sea and Cake...) montrent d'ailleurs que ces garçons sont rarement à cours d'idées et excellent dans des domaines fort éloignés les uns des autres.
TNT est à ce jour leur effort le plus important, représentant la synthèse d'années de travail. A la fois diversifié et ramassé sur lui-même, cet album fourmille de trouvailles sonores, d'arrangements déconcertants au départ mais finalement évidents. Il dégage une grosse impression de maîtrise et de cohésion. (...)
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