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Après avoir pris une grosse claque en 2007 avec Person Pitch (son 3ème album solo), c'est avec un grand sourire qu'on tend l'autre joue pour recevoir Tomboy. Un sourire à moitié édenté par les coups de boules que furent chacun des albums de son groupe, Animal Collective.
Entre juillet 2010 et mars 2011, Noah Lennox aka Panda Bear a sorti quatre 7 » sur autant de labels différents: Paw Tracks, Domino, FatCat et Kompakt.
Ainsi, sur les 11 titres de l'album, on en connaissait déjà 7. Dans la famille Animal Collective, il est primordial de toujours explorer et expérimenter. Les live ne ressemblent jamais trop aux albums et Noah Lennox n'allait pas se contenter de compiler les singles en un album. Les titres ont donc été retravaillés avec le producteur Peter Kember aka Sonic Boom (Spacemen 3, Spectrum) qui a produit Congratulation (2010), le dernier opus de MGMT. Les deux artistes se vouent une admiration et un grand respect mutuel.
Après avoir beaucoup utilisé de samples, Panda Bear a choisi sur cet album de se concentrer sur la guitare et les rythmes. Le chant semble aussi avoir été central.
Toujours dans une démarche d'exploration et sans se répéter, on sent sur cet album que Person Pitch et Merriweather Post Pavilion ont été des étapes très importantes. Le travail du rythme est particulièrement central sur des titres comme Afterburner ou Tomboy. Sur ce dernier, elles se comportent comme un écho, et une fois le morceau terminé, il est comme impossible de s'en débarrasser, ne nous laissant d'autre choix que de le rejouer. Quant aux percussions d'Afterburner, alliées à la basse, elles nous emmènent presque sur les traces d'Exodus de Bob Marley.
Un autre élément nous rappelant la Jamaïque est l'effet de Dub. Il parcourt tout l'album avec une reverb extrême. On aurait peur d'être lassé par une telle omniprésence d'effets, mais il n'en est rien. Le résultat, finalement adictif, donne à l'album une cohérence et une identité propre.
Il y a quelque chose de brut, dans la musique de Panda Bear. Comme un enfant un peu fou qui aurait juste envie de s'amuser. C'est pourtant extrêmement intelligent et travaillé. Et une fois de plus, il parvient à faire une musique expérimentale, tout en étant appréciable à la première écoute; à l'instar des Spacemen 3 qui allient les mélodies pop des Beach Boys avec le son sulfureux du Velvet Underground. On peut d'ailleurs reconnaître de telles influences sur l'album. Le chant et ses harmonies sur Last Night At Jetty ont quelque chose de très Pet Soundien.
Le très binaire Alsatian Darn avec ses claps lointains, son chant à contre temps et sa surcharge d'effets, se révèle, après quelques écoutes, être l'un des titres les plus puissants et jouissifs de l'album.
Tomboy ne devait sortir que la semaine prochaine, mais la date a été avancée pour le Record Store Day. Alors cours chez ton disquaire préféré.