Susana Santos Silva et Torbjörn Zetterberg (2021)


C’est sorti en juin de cette année, un Cd limité et numéroté, le mien porte le numéro deux cent quatre-vingt-cinq sur trois cents, c’est donc un petit tirage un peu hors norme, puisque le Cd se tient sur une pastille collée à l’intérieur d’un feuillet cartonné double page au format un peu supérieur au quarante-cinq tours.


Susana Santos Silva est une trompettiste portugaise que l’on pourrait rattacher à la nouvelle vague de la musique improvisée européenne. Elle vit en Suède, il n’y a donc rien d’étonnant à sa rencontre avec le contrebassiste suédois Torbjörn Zetterberg avec lequel elle enregistre ce duo essentiellement improvisé.


Ces deux-là se connaissent bien, il suffit de jeter un œil sur leur discographie pour comprendre qu’il y a entre eux une grande communauté artistique. Il y a ici dix compos qui baignent dans un climat très scandinave, la musique est un peu froide en apparence, bien que le feu intérieur bout sous la glace.


Ça plane fort ici, pas de rythmique apparente, nous somme davantage plantés dans un paysage sonore immense avec le son de la trompette de Suzana qui dessine de grandes et longues lignes droites qui s’incurvent lentement, il y a également de l’écho et de la réverbération. Se dégage ici un sentiment de contemplation, et, parfois, d’angoisse mêlée. Peut-être est-ce le lieu d’enregistrement, « Petruskyrkan », une église orthodoxe de Stockholm, qui diffuse cette sensation de recueillement et de sacré.


Torbjörn semblerait plus terrien, avec le son grave de sa basse que l’on devine bien accrochée au sol, sans doute, mais il ne recherche pas l’ancrage et les racines, son jeu au contraire est lui aussi aérien, comme s’il soufflait et poussait sa partenaire vers plus de grâce et de plénitude encore. Il n’enraye en rien l’esprit contemplatif qui règne aussi, bien plus, il le renforce avec son archet, plus complémentaire que contradicteur.


Au final un bel album qui creuse son sillon sans faire de bruit, les amateurs d’un son ECM un peu ascétique pourrait trouver ici de quoi se satisfaire…

xeres
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le 14 juin 2023

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