David Binney – Tomorrow's Journey (2022)
David Binney est un saxophoniste alto, né à Miami il a grandi dans le sud de la Californie puis a fait un tour par New-York avant de s’installer à L.A. où il est fixé désormais. C’est un musicien reconnu qui a participé à de très nombreux albums et se trouve désormais à la tête d’une discographie assez conséquente sous son nom.
A la faveur d’une chro sur mon journal de jazz préféré je me suis intéressé à cet album, et, pour tout dire, après plusieurs écoutes, je suis vraiment enthousiasmé. Ce n’est pas le morceau d’ouverture, « Second To None » qui m’a secoué, bien au contraire, ce démarrage est assez sage, mais dès le second titre « Tomorrow's Journey » ça décolle.
Ce n’est pas si fréquent d’avoir la sensation de quelque chose de nouveau, d’inédit, car sans doute, tout a déjà été dit, à ce qu’il semble. Alors ça se passe par l’atmosphère qui se dégage de la musique, dans la création d’un monde connexe, avec ce qu’on sait, ce qu’on reconnaît et ce parfum d’inédit, de neuf, comme un territoire à explorer, des sensations nouvelles qui arrivent.
Il y a bien une écriture, avec une structure, pas de problème, mais il y a également ce truc virtuose de la part de tout l’orchestre, se concentrer sur le son c’est rendre visible ce savoir-faire, mais se laisser porter c’est en avoir la sensation, recevoir comme une sorte de « bénéfice » sans effort, et profiter de ce monde nouveau.
Parmi les musiciens je n’en connais qu’un, mais c’est une montagne, Kenny Wollesen au vibraphone à archet et aux percussions, il a longtemps fait partie de la galaxie Zorn, les autres m’ont l’air tout aussi extraordinaires, Paul Cornish (ou Luca Mendoza) que l’on entend au piano, ou Ethan Moffit (ou Logan Kane) à la contrebasse, tous les deux solistes sur la pièce « Casa » qui suit, sont en effet au top niveau, et ici ça vole haut. On entend également David en solo et c’est tout simplement exceptionnel. Bon je dithyrambe encore, vous allez vous méfier !
Le « truc » repart au titre quatre, au sortir de la maison pour aborder « Resembler », on y entre par toutes petites touches, lyrique mais pas emphatique. Paul Cornish (ou Luca Mendoza) dialogue avec David Binney, ce dernier semble vouloir s’envoler, il s’y essaie à plusieurs fois, on sent qu’il aimerait que Paul le suive, d’ailleurs ce dernier montre une bonne volonté évidente, dans la dernière partie de la pièce ce dernier avance à marche forcée, mais, semble-t-il, reste accroché à la masse terrestre, l’alto, lui, vole !
« Loved (For Cousin Vince) » s’étire au soleil, puis « Opal », à nouveau très écrite et « Cali Culture » l’une des meilleures pièces ici, il faut dire que le nonette a beaucoup tourné avec ces compos avant d’entrer en studio, c’est d’ailleurs le cœur de la communication de la part de David Binney concernant cet album, il souligne la perfection dans l’exécution, et la restitution de l’énergie telle qu’elle existait lors des performances live.
Cet album est un double vinyle mais on le trouve en simple Cd plus économique, ce qui est mon choix, même s’il n’est pas vraiment chic, avec son poids léger, mais il y a tout de même une heure et quart de bonne musique sur cette minuscule galette, et le son est excellent.