L'appel de la nuit
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Plus qu'un album, Tonight est un voyage incertain, annoncé par le premier titre Ulysses. Comme le héros de l'Odyssée, Alex Kapranos part en voyage sans savoir s'il va en revenir ; comme dans l'Ulysse de James Joyce où Léopold Bloom vogue 24 heures dans le Dublin qu'il connaît tant, l'album nous invite à suivre une soirée à la fois banale et extraordinaire. Et comme dans ces deux œuvres, l'expédition est intense.
Dès le premier couplet, l'objectif est donné : avec son "C'mon let's get high" le départ en fête est énergique, la soirée sera folle, pleine d'excès, d'émotions et, comme souvent lorsque l'alcool prend le dessus sur la raison, pleine d'introspections. Turn It On et No You Girls font monter le rythme, racontent la volonté du narrateur de ne pas repartir seul puis Send Him Away extériorise le malheur de voir que celle qu'on convoite est déjà prise "Oh, can't you let me stay tonight?".
Avec le soleil qui se couche (Twilight Omens), l'éclairage devient plus sombre et la fête plus intense, le narrateur est rattrapé par la frénésie de la nuit, au son de claviers dansants et de rythmes hachés, et on le sent perdre le contrôle au fil des titres : "I got a question for you / Where do you see yourself in five minutes' time?" (What She Came For), "Live the rest of my life / With the vaguest of feeling" (Live Alone) et "My soul starts spinning again" (Can't Stop Feeling).
Can't Stop Feeling exprime le zénith de la fête et de l'album, ce dernier moment euphorique où l'on se souvient encore de nos actes avant de perdre le contrôle, symbolisé dans Lucid Dreams autant par le titre que par des claviers insensés pendant plus de cinq minutes, avant que le silence ne remplace le dernier souffle d'une basse puissante... La soirée vient de s'achever, contrairement au disque et Alex Kapranos revient, comme un rappel, le temps de deux délicates chansons, pour tenter de se remémorer, avec l'espoir de la revivre, cette soirée intense et ce voyage extraordinaire : "I live to dream again".
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Créée
le 17 mai 2020
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