Departure Lounge ou le secret le mieux gardé de la Perfide Albion. Deux albums et autant de singles exceptionnels n'auront pas suffi à sortir le quartette britannique expatrié (aux trois-quarts) à Nashville de l'anonymat. Même l'Hexagone, jamais avare pour réserver un accueil de choix aux mal-logés, sera resté étrangement absent aux sirènes mélodiques de Departure Lounge, groupe aussi mal nommé que né sous une bonne étoile. À peine, les plus curieux auront-ils remarqué la présence de Tim Keegan sur le Kill Your Darlings de Kid Loco, qui n'a pas eu le retentissement international de A Grand Love Story. Résultat : Too Young To Die, un titre qui renvoie à un instrumental du superbement mutique Jetlag Dreams. Évidemment produites par la traction de Belleville, ces douze chansons confirment l'excellence mélodique de Departure Lounge, qui alterne comme personne plages capiteuses (l'introductive Straight Line To The Kerb, le bien nommé I Love You) et excursions groovyesques (le single King Kong Frown), chansons panoramiques (Be Good To Yourself et son sample du génial ¿Por Qué Te Vas?, What You Have Is Good) et ambiances oniriques (Tubular Belgians In My Godfield, Alone Again And, I Love You avec son intro piquée à Bertignac Et Les Visiteurs). En tissant sa toile amicale dans l'internationale musicale, Departure Lounge offre à la délicieuse Lisa O'Neill un écrin de velours idéal (Over The Side, Animals On My Mind), manière de renvoyer l'ascenseur à une récente collaboration entre Sing-Sing et Keegan. Seul, un morceau à vau-l'eau (Coke & Flakes) a du mal à dissiper quelques doutes brumeux. Trop tard pour ne pas adhérer à Departure Lounge jusqu'à sa mort. (Magic)


Too Late To Die Young", joli titre, (clin d'œil à Kevin Ayers et à sa compilation du (presque) même titre ? ou plus certainement un peu à ceux qui confondent talent et hormones et qui trustent les couvertures de nos magazines pop), pour un groupe au nom bien trouvé (une fois qu'on oublie le sens à la mode du mot lounge), voilà qui commence bien. Après un premier album, "Out of here", prometteur mais un brin trop monolithique sur la longueur, un album instrumental de commande, exercice de style un peu vain sorti l'an passé et l'omniprésence de Tim Keegan, le chanteur, auprès de Kid Loco, cette deuxième sortie est donc particulièrement attendue. Et "Too Late To Die Young" ne déçoit pas : plus varié, cet album délibérément touche à tout n'en garde pas moins une ligne directrice, une cohérence qui force le respect, un peu comme un patchwork sans couture apparente, gonflé d'air pur non recyclé. Particulièrement impressionnant à l'écoute de "Too Late To Die Young" est le sans-faute réalisé sur le début du disque : cinq titres, tous fabuleux à leur manière, du groove rigolo de « King Kong Frown » à l'évidence mélodique et énergique de l'accrocheur "What You Have Is Good", du mélancolique et épanoui "I Love You" au très mélancolique et moins épanoui "Alone Again And" (démarque subtile d'un titre de Love, pour ceux qui n'auraient pas remarqué).Les choses se compliquent toutefois un peu en deuxième partie après un éreintant instrumental ambiant "Tubular Belgians in my Goldfield" ou un "Coke & Flakes" marrant mais un peu long. Ne nous plaignons pas, les merveilles que sont "Over The Side", chantée en duo avec Lisa O'Neil, de Sing Sing façon Lee Hazlewood après la sieste, ou "Silverline" et "Animals on my Mind" n'en sont que davantage mises en valeur. Après tout, on s'est toujours embêté sec en écoutant le "Within You Without You" de feu Georges Harrison sur l'autoradio mal en point de l'Opel Corsa lors d'un retour de week-end, ce n'est pas ça qui a empêché "Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band" d'être considéré comme un chef d'œuvre. In fine, "Too Late To Die Young" réussit malgré un ou deux tout petits faux-pas bien pardonnables, à redonner envie d'écouter de la pop millésimée 2002, tâche ingrate et pas commode à notre époque où c'est plus comme avant. Du coup, le fait que la musique de Departure Lounge laisse autant sur sa faim qu'elle ne rassasie ne fait qu'ajouter au plaisir d'écouter ce disque la jolie certitude d'un avenir au moins aussi palpitant.(Popnews)
bisca
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le 22 mars 2022

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