Top départ
7.5
Top départ

Album de Rocé (2001)

Rocé - Top Départ (2002) - De l'authenticité pour un premier album réussit (review totale)

Critique réalisée sur la base de deux écoutes totales sur le système suivant:
Enceintes Colonnes Mordaunt Short Mezzo 8
Ampli Marantz PM6003
Lecteur cd/dvd/bluray Panasonic BDP500
Format : CD original

Rocé est un rappeur méconnu pour les non fan de Hip/Hop, il appartient à la mouvance underground, et revendique un retour au vraies valeurs du Hip/Hop, à savoir l'authenticité et la dénonciation/critique du système, de ses failles et des incompréhensions entre personnes qui en résultent. Il jouit néanmoins d'une reconnaissance certaine parmi les fan de Rap, reconnu pour la franchise de sa démarche artistique.

Cet album est le premier Album Solo de Rocé, et on peut dire aisément que c'est une réussite pour tous les fan de Rap authentique. Il plaira peut-être moins aux amateur de Rap ou Hip/Hop plus mélodique, mais la démarche de l'auteur est d'allier le fond et la forme dans une vision assez "old school" mais néanmoins très travaillée.

Le CD se compose de 14 pistes dont une Intro et une interlude musicale. Le style musical est définitivement Hip/Hop, avec des influences funk, jazz et classiques.
Le Flow de Rocé pourrait être qualifié de "Old School", avec une diction très articulée et une construction des textes complexe, alliant métaphores et phrases percutantes de réalisme lorsqu'il décrit les origines banlieusardes associées au Hip/Hop ou au Rap français.

Les prods/instrumentales sont principalement assurées par DJ Ismael avec qui il apparait en photo dans la jaquette de l'album, et ce dès leur plus jeune age (photo d'eux ensemble enfants) s'il fallait prouver l'intérêt de longue date de ces artistes pour le mouvement Hip/Hop/Rap. A noter la production par Rocé lui même de 2 instrumentales, et la présence de DJ Medhi (rip) à la prod sur une piste également, et pas des moindres.

Track 1 - L'album débute sur une intro amenée par un sample très ambiancé façon film, l'ajout d'une contrebasse le temps d'une mesure comme pour assuré une transition vers quelque chose de plus musical avant que les scratchs de "Top Départ" mis en écho ne viennent prendre la main, à l'aide d'un DrumSet composé d'une grosse caisse bien lourde, et d'un snare qui claque. La musicalité arrière est composé d'une nappe de violons que l'on dirait tout droit sorti d'un film à suspense. Une parfaite mise en bouche pour un album qui annonce d'entrée une couleur très rap underground.

Track 2 "Changer le Monde" - La piste débute sur un nouveau sample de cuivres, image cinématographique qui semble ancienne, avec une tonalité très 50's. La piste enchaine rapidement sur une ligne de basse sublimée par un Drum-set assez discret: la grosse caisse vient seulement asseoir l'attaque de la basse, la caisse claire est discrète et le travail des cymbales suffit à ajouter la touche d'ambiance accoustique, pour un résultat rap très "posé" mais non sans punch, comme dit d'ailleur le texte : "Attends toi à Rocé posé sur toute la galaxie".

Citation:
"Business de mains à mains, je laisse les chiens en chiens / Moi j'veux rien de rien le vice n'irait que du mien au tien / si je n'ai rien d'un saint, c'est que je veux rien de leurs saints / Je subis le système et j'veux le voir porter le mien"

Track 3 "Il assume pas" - Une piste qui débute de manière très "Rap": un rythme, une ligne de basse et un snare qui claque. S'y ajoute une guitare très discrète, juste de quoi meubler un peu un rythme qui fait déjà bouger la tête. Le texte retrace différentes situations qui se termine toutes par le constat "Il/elle assume pas". L'écriture y est concrète, les situations m'ont fait écho à un certain vécu, avec une visions tranchante de la réalité que d'autres préfèrent esquiver.

Citation:
"C'est quoi ce regard hostile, ce faux bobard, ce faux style / Regarde moi l'oeil dans l'oeil sans que tes sourcils oscillent / Il veut jouer le gorille, le dur, le boss, le gars horrible / Et plus se creuse son buzz, plus ça devient une phobie / Alors il tape dans le tas, nique des mecs de haut d'en bas / Se fait des ennemis et s'en va et le résultat / Il est tout seul contre cent gars / Ce n'est plus qu'un homme qui tend le bras / Et il assume pas, il assume pas"

Track 4 "Les gens parlent" - On reste dans un style assez "Rap" du coté de la rythmique de cette piste, associé à un sample de piano "boogie" qui se termine sur une nappe de violons du plus bel effet, ce qui donne à cette prod un effet percutant sur le début de la boucle avant de la laisser s'envoler sur la fin. La basse vient magnifier la grosse caisse et le rythme lent laisse toute la place aux maracas (ou serait-ce un snare joué au "pinceau"?) sur lesquel un bon travail de stéréo est fait, histoire d'accentuer l'aspect "enveloppant" de la musique. Rocé y dévoile ici sa vision du réel, ainsi que la manière avec laquelle il aborde son art, tout en authenticité à l'écart des "On-Dit" comme cite le refrain, car "Les gens parlent, et parlent trop"

Citations:
"Quand j'étais petit / Combien m'ont dit : eh mec, mets pas la main à la patte / C'est pas un biz pour toi, faut tout niquer à l'arrache / J'arrachai leur vision fausse / Et mettrai la mienne à la place"
"J'm'en bat les couilles si tu montes - J'observe plus loin, comprends-tu / Ressens-le sur mon rendu - Mec ma cible, c'est pas ton cul / Parce que sinon ça voudrait dire que mes convictions puent"

Track 5 "Qui nous protège?" Feat JL - Une piste qui sonne funky grace à l'association de la guitar au accords funk en fond, associée aux accords de synthé pour l'ambiance et l'ajout de cuivres sur la fin de la boucle. La basse joue bien son rôle en venant comblée les fréquences graves à merveille sans être agressive à l'oreille. Le texte reflète une critique du système au travers de la question utilisée comme titre de la chanson, et les couplets des deux rappeurs vont bien ensemble, malgré des styles relativement différents.

Citations:
"J'ai pas confiance au système toxico du gen-art / La justice fait son business comme beaucoup d'bâtards / J'y prends c'que j'ai à y prendre mais mec c'est trop tard pour croire / Qu'elle nous protège d'un vice brillant comme le dollar" (Rocé)

"Qui va me protéger de la bêtise humaine / Celle-là même qui entraine la haine et pousse les gens jusqu'aux larmes / J'ai peur de faire confiance à ma femme / Qui me protègera du chagrin si je la trouve au lit avec un autre homme / Tu vois le drame, même moi j'en deviendrai blême / Pâle comme un linge, elle en extase dans pose obscène" (JL)

Track 6 "Ca se passe dans l'espace" - la piste "interlude" musicale de l'album, à l'aspect très "aérien" notamment grâce aux effets d'écho présent tout le long, tant sur la rythmique que sur les instruments. Une piste d'ambiance à la sonorité assez mât, mais qui à du charme.

Track 7 "10/10" - Une piste dont l'intro n'est pas sans m'évoquer une image assez "cinématographique" encore une fois, qui enchaîne sur des sonorité assez sombres, pour aller avec un texte à l'allure assez désabusé, résigné voir mélancolique. La ligne mélodique est assez restreinte, et se joue principalement sur une basse grasse, et sur le travail des percussions. Cette Prod met bien l'ambiance du texte en valeur, sans pour autant sonné vide du tout.

Citation:
"Ne pas se fier aux infos, pour pas se faire téléguider / Celui qui parle s'il sait trop aujourd'hui il se fait niquer / Représenter leur drapeau aujourd'hui faut l'éviter / C'est que en faire un tableau, aujourd'hui telle est l'idée / Superficielle et bateau comme une fille belle mais vidée"

"J'suis dérouté trop souvent, j'ai des ratures sur chaque feuille / Je vois que du vent et pourtant j'ai dix sur dix à chaque oeil"

Track 8 "Pire que la fiction" - C'est sur un piano jazz et quasiment accapella que Rocé débute cette piste, le Drumset étant volontairement caché les premières mesures. Mais c'est pour mieux décoller lorsque l'instru s'engage, avec un sample de piano au charme certain et une rythmique qui bouge comme pour faire contraste avec la piste plus "sombre" qui la précède sur l'album. définitivement une track qui donne envie de bouger la tête, grandement aidée par une ligne de basse au jeu funky à souhait, tout en restant assez classique par sa sonorité qui caresse plus le bas du spectre sonore que les bas médium.

Citation:
"Mec, change pas ton attitude, si y'a danger de voir un monde cru / Le danger c'est le monde rude, c'est pas d'y voir un homme cru / Cruel, comme les parcs et ruelles, remplis de cracks et duels / Ça donne aux sciences du fuel, mauvais sont les comptes rendus"

Track 9 "Pour l'horizon" - Une piste qui évoque grandement l'age d'or du rap français, les années 98-2000, et me fait personnellement pensé à d'autres comme "les jeunes de l'univers" de Rocca. Les sonorités ne sont également pas sans rappeler un certain rap à l'ancienne, une grosse caisse assez plate dont le relief provient de l'ajout d'une basse tendue mais discrète. La mélodie est assuré par une boucle de piano redondante mais à l'humeur joyeuse, qui laisse parfois le lead à des flûtes et des cordes ajoutant un aspect plus romantique à cette boucle.

Citations:
"La force contre la gangrène des gens, faut que j'engrène déjà / Vers les bons thèmes pour l'horizon / Je reprends nos vieilles illusions, face aux mauvaises dérision / Je veux qu'elles éveillent du genre à construire la bonne vision"

"J'agrandis comme le bandit une image qui se vend / Sauf que c'est le bien que je brandis ça c'est entre moi et moi / Mon combat, c'est dans le néant je veux éclairer comme un néon / J'ai jadis choisis ma force le mental ou la zermi / Même effet que le point fermé sauf que ça on me l'a permis"

Track 10 "Le dernier des derniers" - On remonte dans le temps pour cette piste, évoquant les sonorité freestyles assez frustres des débuts du rap. Un Drum-Set assez nerveux, une basse grasse, un sample de piano coupé dans le vif, un peu de scratching, et l'illusion est réussie.
Le texte évoque les souvenirs bons ou mauvais reliés à la culture Hip/Hop, les soirées et les errances.

Citation:
"Je raconte pas une histoire, histoire de dire que je raconte une histoire / Je sors à plat ma mémoire: des échecs et des victoires / Que des galériens, putain merde, ça en fait des soirées galères / J'en ai vécu des chaudes des fraiches et des amères / Vadrouillant dans les coins où y'a pas que de la merde"

Track 11 "On s'habitue" - Sans doute ma piste préférée de l'album, La prod de DJ Medhi est un classique, débutant sur un rythme brut pour laisser toute la place à l'écriture de Rocé puis évoluant avec un sample de violons/piano plein de force qui s'invite au 1er refrain pour la sublimer. Les fréquences graves sont occupées par une contrebasse du plus bel effet, juste assez discrète au niveau de l'attaque pour apporter une rondeur magnifique à la boucle. Le texte est d'un réalisme rarement atteint selon moi, et j'y ai partagé beaucoup de constats avec l'auteur. C'est comme si Rocé avait chanté ce que je pensai tout bas. La fin de la piste laisse l'instrumentale tournée, comme pour mieux pouvoir digérer un morceau comme celui-ci. J'invite les curieux à lire le texte pour mieux en comprendre sa profondeur.

Citation:
"J'croyais qu'c'était le moteur, l'engrenage, la roue / c'est juste le fouet, les bottes pour forcer l'écrou / d'ici on voit tout mais d'hier on oubli tout / et même si t'oubli rien du tout, on t'habitue c'est tout"

"J'avoue, j'ai été bien guidé des parents, l'école une cité / Mais je prends goût à la cité, des l'enfance / Partout j'vois l'absence de sens, le non-sens, l'inconscience / L'absence de confiance, conséquence, du coup / Petit on est débrouillard même si pantouflard / Les yeux ouverts sans foulard, sans brouillard, sans mur / Ceci dit on aime les zonards aujourd'hui taulards / Les héros du square que les adultes traitaient de connard / Mes doigts côtoyaient mes billes, là ils cotoient mon bic / Veulent côtoyer les billets et les filles dans une vie sans risque / Mes potes côtoyaient la vie mais ils esquivaient les flics"

"Y'a un vécu à défendre, y'a une vision à répandre / Et de nous vers eux, y'a une étiquette à leur rendre / Alors je m'efforce d'apprendre, rentrer dans leur monde / Parler un langage soutenu qui soutiendrait ma bande / Les yeux ouverts vers le tableau noir, la haine comme motivation / On taffe sans modération / On lit des livres qui parlent d'un autre monde sur un autre ton / On parle de nation même si on vit dans l'autre rang, mais passons / Faut vivre avec son temps, pour vivre faut de l'argent / L'argent vient souvent quand le côté revendication est absent / Attends, mec tu pars trop vite vers ces gens / Et ils se moquent de ton banlieusard accent / Par contre ils troquent ton savoir, ils aiment tes speeches / N'aiment pas tes mimiques mais envient tes tripes / Ils rient de ta volonté, de ton courage typique, ça t'irrite / Mais tu crois en la reconnaissance et vois le fric / Toi, tu voulais refaire le monde, j'te vois refaire ta vie / C'est bien, c'est normal et il en est ainsi / Mais tout c'que tu leur amènes, c'est remanié et retranscrit / Et c'est tes ennemis qui l'apprécient"

Track 12 "Ricochets" - Une piste à l'ambiance underground: un sample de synthé qui sonne assez extérieur à la culture rap, associé à une ligne de basse assez en rupture avec la mélodie principale. Quelques petit scratchs et un rythme plus "Rap" viennent redonner une couleur à cette prod, qui laisse le texte se dérouler. Le texte y exprime toute la vision du réel que Rocé met dans sa musique, non sans critiquer les artifices de notre époque.

Citation:
"Maintenant regarde quelle est ma cible pourquoi je suis toujours posté / Rendre ma science bien accessible comme une meuf bien accostée / J'espère être toujours crédible pour que ça reste toujours pénible quand la réalité est trop terrible viens trop choqué / Peur d'être choqué, on prend le mensonge parce qu' il risque de mieux collé / On fini par y croire, on plonge dans un univers codé / On a besoin de fausses facettes besoin d'y être drogué / Parce que la vie en rose, c'est grâce aux verres des lunettes, désolé"

Track 13 "Plus d'feeling" - C'est sur des pistes comme celle-la que le Jazz-Rap prends toute sa hauteur, surtout quand la plume suit derière... Sur sa propre Prod, Rocé signe un morceau très complexe: d'abord au niveau de l'instru avec un piano très jazzy, à noter la quasi absence d'une boucle, un Drum-Set discret avec la présence d'autres percussions type djembé, des cymbales bien brillantes associé à une caisse claire boisée, que du bonheur. Le texte apparait aux premières écoute assez frustre mais la critique se veut forte, et manque rarement sa cible. Une piste qui me suit depuis les premières écoutes à l'époque du lycée, et qui a su garder toute sa fraicheur depuis le temps. Un des must de l'album certainement, et un résultat toujours très original musicalement.

Citations:
"J'ai beau parler au mic, putain / J'reste un beau parleur, une putain / Ma rime, c'est mon butin / Et ma frime en guise de fusain / Me demande pas d'être réel / J'préfère sortir des phrases belles / Parce que pour les gens de la masse, ça fait les mêmes étincelles"

"C'est des incultes, ils contrôlent le rap en tant qu'ex-rockeurs / Et quand ça passera à autre chose, à leur place y'aura des ex-rappeurs / Ils aiment ma répute, ils savent que sur toi ça fera réactions en chaine / J'me fous de ta réaction, tu sais ce que tu veux, enchaîne !"

Track 14 "Je fais ma justice" Feat Manu Key - La prod débute sur un assemblage de sample bien funky, sur lesquels se pose le flow de Rocé, puis alterne avec un coté plus sombre ou ne demeure que la basse et les cymbales. Le duo Rocé-Manu Key ne fonctionne pas trop mal, et la prod se laisse écouter, mais cette piste ne m'a pas laissé un souvenir impérissable notamment par l'alternance funk/ambiance sombre et par le sample de Manu Key utilisé comme refrain auquel je n'ai pas accroché. De plus les couplets des rappeurs ne semblent pas forcément exprimer la même hauteur de vues. Ma préférence va nettement aux couplets de Rocé sur cette piste, déséquilibrant un peu trop le résultat à mon goût.

Au total:
-Cohérence du projet: 5/5 - une vraie personnalité propre
-Travail du son : 3.5/5 - L'ensemble sonne bien, mais cela manque à mon goût de morceaux jouant un peu plus "fort" au niveau des Drums, d'un peu plus de spatialisation stéréo, mais le résultat est propre et ne démérite pas pour autant.
-Textes: 4/5 - Si on met de coté un featuring déséquilibré, et quelques formulations un peu frustres qui refroidiront les non-amateurs de Rap, les textes font ressortir une authenticité qu'on entends trop rarement, et une qualité d'écriture constante sur tout l'album.
Louks
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le 3 avr. 2013

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