Torches
6.9
Torches

Album de Foster the People (2011)

Faire pop sans tomber dans la variétoche

Foster the People est l’une des grandes révélations de l’année 2011. Propulsé par le single « Pumped Up Kicks » qui a fait un carton partout dans le monde, ce nouveau venu dans le monde de la musique a sorti la même année un album regorgeant de tubes. A l’origine, le nom qu’ils ont choisi n’est qu’une manière honnête de signifier que Foster the People, c’est avant tout Mark Foster. Ce jeune Américain a connu la tentation de l’armée, l’addiction à la drogue et la solitude quand il rêvait de constituer un groupe stable. Il trimbalait avec lui une multitude de maquettes de chansons empruntant à différents styles, du rock à l’électro en passant par le hip-hop, qui ne demandaient qu’à être concrétisées. Son rêve s’est accompli lorsqu’il a rencontré le batteur Mark Pontius. Le temps de recruter un ami de longue date du nom de Cubbie Fink pour jouer de la basse, voilà que Mark Foster est à la tête d’un petit trio prêt à se lancer dans une grande aventure musicale.


Cette musique est diablement accrocheuse. Avant d’avoir des prétentions artistiques, Mark Foster a travaillé comme compositeur de refrains publicitaires, ce qui a fait de lui un maître dans l’art effroyable de créer des sonorités « commerciales ». C’est donc avec une légitime méfiance qu’on aborde l’album Torches. Et le sortilège fonctionne. Les réalisations de Foster the People s'avèrent meilleures et plus inventives que la plupart des chansons populaires qu’on entend de nos jours à la radio. Du haut de ses trente-huit minutes, l’album est d’une durée idéale pour passer un bon moment sans avoir la tête farcie. Quatre des cinq singles sont placés aux premières loges de la tracklist, et le premier d’entre eux ouvre le bal avec un rare panache. Ce « Helena Beat » aux formes aérées est une démonstration exemplaire d’électro-pop indépendante.


Mark Foster est un touche-à-tout qui se révèle particulièrement doué avec ce qui a des touches ou des boutons. Les guitares ne sont que des instruments de second rang, moins marquantes encore que le piano. Ce sont les sonorités de claviers discos qui dominent et qui accrochent l’oreille, de sorte que le mot « bidouillage » vient facilement à l’esprit lorsqu’on écoute une chanson comme « Life on the Nickel ». Le chant aigu concourt à donner de la cohérence à l’ensemble, avec des paroles aisément assimilables et parfois brillantes. Sur « Houdini », le refrain « Sometimes I wanna disappear » rejoint les « I hope I die before I get old », « I live by the river » et autres « You used to be alright, what happened? » au rang des phrases-manifestes les plus percutantes placées dans une chanson. Quoique les paroles ne soient pas pamphlétaires, des thèmes sérieux comme les drogues, l’isolement ou la criminalité y sont abordés.


Ce premier album contient quelques vices que l’on pardonnera. « I Would Do Anything for You » et « Miss You » frôlent dangereusement la variètoche, avec un caractère pataud pour la première et mielleux pour la seconde, mais de bonnes trouvailles musicales viennent toujours sauver ces quelques moments de doute critique. Torches est un album éclairant sur ce que la musique pop au sens large peut faire d’original, pêchu et agréable. La question est sur toutes les lèvres : la suite de l’aventure sera-t-elle encore plus palpitante ?

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