On avait laissé ces quatre garçons ingénieux et un rien dingos après la sortie, il y a déjà deux ans, d'un premier album épatant, Vehicles & Animals, petit recueil de morceaux pop décalés et envoûtants, impossibles la plupart du temps à cataloguer. Un esprit frondeur, des idées plein les poches et un mépris affiché des règles les plus élémentaires, ajoutés à des goûts pour le moins éclectiques, étaient les atouts maîtres de ces Anglais espiègles. Aujourd'hui, Joel Pott (guitare, chant), Carey Willets (basse), Steve Roberts (batterie, choeur) et Tim Wanstall (claviers) se sont visiblement assagis. Ils ont mûri (hou, le vilain mot), si vous préférez. Mais ils n'ont pourtant rien perdu de leur magie. Car ces jeunes gens sont assurément parmi les orfèvres les plus doués du Royaume en matière de mélodie grisante. Alors, même si leurs chansons ont la plupart du temps perdu ce petit grain de folie jubilatoire, elles ont gagné en élégance et en classicisme. Il suffit d'ailleurs d'écouter une seule fois le premier single Wires, tout en majesté orchestrale, pour savoir que ces types-là ne sont pas là pour plaisanter et qu'ils viennent même de signer le plus beau morceau que Coldplay n'écrira sans doute jamais. Désormais, Athlete privilégie les ambiances feutrées, dessinées par quelques frêles notes de piano (le très beau Chances en ouverture, Street Map), les balades au grand air (Twenty Four Hours) ou les excursions champêtres (Trading Air), évoque, sans doute involontairement, le fantôme de Frank & Walters (Half Light). Mais chassez le naturel et il revient au galop, même par intermittence et au moment où on s'y attend le moins, comme sur l'iconoclaste Modern Mafia, périlleux grand écart entre soul et psychédélisme. Évidemment, ces Athlete retombent toujours sur leurs pieds, guidés par la voix accueillante et, au final, foutrement sexy de Joel Pott, un type que seule son allure débonnaire pourrait empêcher de venir une vraie vedette. Sûr que l'homme préférera garder un statut d'anonyme : il pourra ainsi à jouer au Tourist sans jamais être importuné.(Magic)
Souverain en Angleterre ? où cet album est venu virer un quelconque produit dérivé de la téléconnerie du haut des charts ?, Athlete semble condamné, comme son titre l'indique, à n'être que touriste dans le reste du monde. A l'image de ces Britanniques en shorts beigeasses, chaussettes blanches, sandales jésuites et mouchoir noué sur la tête, cette pop résolument british supporte mal le voyage : hors contexte, elle sidère par son excentricité insulaire, par l'anglo-centrisme charmant (et souvent désuet) de ses références, de Prefab Sprout à Coldplay. Une fascination pour quelques songwriters pointilleux qui, fatalement, cadenasse ici l'écriture : d'une sagesse tournant souvent à la religiosité, cette pop, aussi sophistiquée (voire pompière) soit-elle, a tendance à évoquer un repas ? plats surgelés, eau plate et discussions blêmes ? de vieux garçons. Même dans sa démesure (comme sur les grandiloquent Chances ou If I Found out), même dans ses envies de fatras (Half Light ou I Love), elle demeure polie, raisonnable, la raie impeccable ? on ricane même quand on les entend citer d'authentiques têtes brûlées à la Beck ou Flaming Lips. On prie pour que des putes, de la drogue et des alcools forts fassent irruption au prochain repas d'Athlete. (Inrocks)