Touche pas à mon despote !
J'ouvrais péniblement les yeux aux sons d'applaudissements frénétiques et mécaniques. J'étais assis au milieu d'un public bigarré, béat d'admiration devant ce qui se passait devant lui. Les...
le 3 mars 2016
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Oh putain, ça y est !
Tu la sens cette douce chaleur qui vient réchauffer tes chairs molles ?
Et cette petite brise qui fait frissonner la fine peau fraîchement épilée de tes testiboules ?
C'est ce putain d'été qui vient tranquilosse taper au carreau de ton T2 hors de prix. Ce soleil qui a repris des couleurs, qui a refoutu son vieux costard jaune pisse et qui te fait signe de l'accompagner à la nouba qu'il organise en bas de chez toi.
Pis elle tombe bien cette fiesta, ça faisait un moment que tu l'attendait bordel !
Tes tongs commençaient à s'impatienter dans ton meuble à chaussures. Ton bermuda - contrairement à ta copine ! - te faisait les yeux doux et te suppliait de l'enfiler tandis que la feuille A4 qui te sert de cul se demandait si elle reverrait un jour les rayons du soleil.
Ben ouais frérot ça y est !
Il arrive doucement, à petits pas, par la porte de derrière comme une saloperie de quinquagénaire Allemand, teub à l'air et tube de lube en pogne, pour un gang-bang amateur dans la proche banlieue de Düsseldorf.
L'été mon pote ! Avec son lot de décolleté plongeant et de jupettes aussi courtes que le palmarès Européen du PSG. Des bouts de peaux de toutes les couleurs voletant gracieusement sous tes yeux comme des papillons multicolores dans les rues encore grises des centres urbains.
La résurrection de la chair mon pote ! Mais pas que !
L'été, ou le début de l'été, c'est aussi une bande-son. La bande-son de ton réveil hivernal. La cloche vient de sonner la fin de ta putain d'hibernation de vieil ours mal léché ( tu vois ça avec ta meuf bro ! ). Et cette année celui qui est venu sonner la fin de ma sieste c'est le bien nommé Miel de Montagne.
De son vrai nom Milan Kanche, fils de l'auteur-compositeur et interprète Marcel Kanche (auteur pour Bashung, Paradis ou -M-, compagnon de route des Rita Mitsuko, de Père Ubu ou des Cure). Issu de la nouvelle vague Pop-Electro et du label indépendant Pain Surprises qui a vu éclore les jeunes pousses bien barrées tels que Flavien Berger, Jacques ou encore le groupe Jabberwocky, Miel de Montagne balance un premier EP en 2018 et annonce la couleur, sa couleur. Une Électro discrète teintée de gimmick Pop qui font mouche instantanément accompagnera donc la sortie en 2019 de son premier album éponyme. Une jolie surprise pleine d'ironie et d'humour absurde où Miel décrit son quotidien de provincial, où chaque évènements - grands ou petits - peut devenir une chanson; où chaque tranches de vie peut se transformer en Pop Song acidulée ou en impro Electro rafraîchissante. C'est la fascination pour cette fille aperçu au coin de la rue, c'est l'obtention de son permis B ou encore l'envie de se faire un bronzage intégral façon Cap d'Agde Style qui vient nourrir un premier disque honnête et faussement simpliste. Une musique du quotidien en quelque sorte où l'inspiration vient avec le vent.
Mais cette apparente simplicité, cette petite brise rafraîchissante va t-elle perdurer avec le délicat passage du deuxième album ?
Pari réussi pour Miel ! Les éléments du premier album sont encore là mais tout semble avoir été upgradé. Cette apparente simplicité reste toujours apparemment simple: Apparemment ! Car Miel s'il n'a pas oublié ce minimalisme Pop, cette épure Électro avec ses synthés neutres et ses boites à rythmes entêtantes a rajouté un peu de matière à son Electro-Pop en agrégeant délicatement des guitares électriques ( L'étonnant solo de gratte bien saturé sur C'est Dur avec Philippe Katerine notamment ) ou une batterie plus groove, plus vivante qui vient donner de la chair à cette Pop éthérée. Car cette candeur musicale, cette Pop d'ascenseur d'une fausse naïveté prend de l'épaisseur sur ce nouvel album. Tout autour de nous garde les bases du style de Miel mais le fait évoluer, lui donne de l'ampleur, de la consistance. Comme si cette Pop lo-fi de supermarché de province se voyait monter en grade pour se retrouver dans les enceintes moins grésillantes d'un hypermarché de grande ville.
Une évolution, simplement. Une maturité naissante dirons-nous. Musicalement parlant c'est un pertinent et délicat changement de level, comme on passe un putain de niveau dans Super Mario Bros. Mais c'est sur les textes que la transition se fait réellement. Miel de Montagne délaisse un peu - L'âge aidant peut-être ? - cette légèreté adolescente, ce petit goût pour l'absurde qui avait fait mouche sur le précédent skeud pour une certaine gravité, une nostalgie bien légitime qui vient pointer le bout de son nez à chaque cap important que l'on franchit et que l'on regarde avec tendresse dans le rétroviseur. C'est d'abord sur sa légitimité artistique que Miel s'interroge: "C'est dur/De rester soi-même/Quand on peut Être quelqu'un d'autre" explique t-il à un Philippe Katerine rassurant - père spirituel de toute cette avant-garde Pop made in France - qui tente de guider le jeune artiste sur la voie qu'il s'apprête à prendre (C'est Dur). Un Miel de Montagne en décalage avec sa drôle d'époque. Comme une impossibilité de suivre le rythme effréné de cette génération Tik-Tok qui ne prend plus le temps de s'arrêter sur quoi que ce soit: une oeuvre, une histoire d'amour ou sa propre existence (Trop Vite).Tenter d'obéir à ses rêves (Laissez-moi Rêver), et toujours ce besoin de procrastiner (On verra Demain) et de prendre son temps. Ce besoin de voir passer sa jeunesse calmement comme les anciens regardent s’égrener les dernières heures d'une vie toujours trop courte.
C'est un sentiment étrange finalement qui nous étreint après l'écoute de Tout autour de nous. Un album d'été avec ses basses vibrantes, ses batteries groovy et ses synthés Electro. Un disque efficace, construit pour la gagne, qui fera tout aussi bien danser les campeurs de Palavas-les-Flots que les jet-setteuses cocaïnées de Saint-Tropez. Une Electro-Pop percutante et raffinée sous ses dehors de musique d'ascenseur (Un très bel ascenseur tout de même !), un réel sens de la mélodie sous les apparats de la simplicité et du dilettantisme. Un skeud qui pue l’été à plein nez, mais déjà sous le soleil écrasant s'insinue ce petit air frais qui fait frissonner ta carcasse ramollie et te rappelle que l'été ne dure pas une vie et que l'automne vient déjà taper au carreau (Comme on s'aime, Tout autour de nous).
Le lunaire Miel a visé la lune...et il a touché juste !
Créée
le 20 juil. 2022
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