Dès le premier regard, la pochette de l'album frappe par son inspiration africaine dans le choix des couleurs, une inspiration alors unique si l'on excepte Concept du groupe IAM. Cependant, elle parvient à dégager une personnalité propre, soulignée par le slogan percutant "le savoir est une arme, maintenant je sais". Cette phrase annonce la couleur : l'album aborde des thématiques sérieuses, s'engage socialement et revendique une maturité musicale rare pour l'époque, bien loin de l'approche encore immature de certains groupes comme NTM.
En effet, traitres peut être considéré comme le premier enregistrements de rap hardcore en France. Dès la première chanson éponyme "Traitres", le ton est donné avec des paroles engagées et profondes. Le groupe met en lumière la réalité de l'immigration africaine et le statut souvent précaire des immigrés. Cette approche peut être perçue comme le premier exemple de rap identitaire en France, où les artistes utilisent leur voix pour représenter une communauté et dénoncer les injustices qu'elle subit. Cependant, malgré ce message puissant, l'album ne se prive pas d'utiliser un langage cru et vulgaire, ce qui peut choquer certains auditeurs.
Une autre thématique forte de l'album est celle du non-respect des lois et de la délinquance. Ministère Amer aborde ces sujets sans filtre, rendant leur enregistrement beaucoup plus brutal et direct que la plupart des autres productions de l'époque. Cette approche sans compromis reflète l'authenticité du groupe et leur volonté de dépeindre la réalité des quartiers défavorisés.
En somme, "Traitres" de Ministère Amer reste un (mini-)album incontournable du rap français. Son engagement social, ses paroles percutantes et sa prise de position sur des thématiques sensibles en font une œuvre marquante de l'histoire du hip-hop hexagonal. Malgré certaines polémiques liées à son langage cru, il a réussi à devenir un symbole de la lutte pour la reconnaissance et l'égalité des minorités, laissant une empreinte durable dans l'univers musical français.