La tribu s'agrandit, donc la grotte aussi, mais malgré la présence de Robert Fripp aux Guitar Soundscapes et de Jeffrey Fayman aux percussions, l'impression d'ensemble reste froide. Glaciale, même, la faute aux nappes aux tonalités mineures et vaguement menaçantes, comme si nos guerriers sous tension allaient se lancer dans un nettoyage ethnique de la tribu d'à-côté, sans jamais mettre leur menace à exécution. Ils font du surplace, on entend bien le bruit du moteur mais jamais y'en a un qui aurait l'idée d'enclencher la première vitesse. Sur plusieurs morceaux (Trance Spirits et les suivants) j'entends un peu des échos de Jon Hassell, période Dream theory in Malaya, et c'est toujours ça de pris, mais ça ne nous rend pas le Steve techno-tribal ambient qu'on a connu dans les années 90 (et encore moins le Steve Maia Caniço tombé dans la Loire en 2019, mais c'est une autre histoire).
Ces gars-là, y viennent d’inventer l’ambiance oppressante et neurotoxique, au lieu d’inventer la roue. Bien sûr ils sont ravis de leur trouvaille, on les sent éprouver la joie de taper sur le même clou, mais le tribal ambient synthétique, ça reste aussi plaisant qu’un piano mécanique sous de tristes tropiques.