4 ans. C’est le temps qu’il aura fallu à Luidji pour revenir avec un nouveau projet. Ce qui témoigne d’un travail de longue haleine, et ce qui créa de grosses attentes au sein de sa fanbase. Il n’aura pourtant pas été inactif entre-temps, sortant plusieurs musiques (sous forme d’une playlist évolutive) et fondant son propre label, intitulé « Foufoune Palace Bonjour ». Ainsi, il a pris le temps d’évoluer artistiquement, de s’essayer à de nouvelles choses et de s’occuper d’autres artistes avant de sortir son premier album.
A-t-il répondu aux attentes ?
Note : vous pouvez consulter la chronique et nos autres chroniques rap ici : https://thesaurap.fr/albums/luidji-tristesse-business-saison-1/
Une œuvre complète
Rien ne semble être laissé au hasard dans cet album, c’est un travail d’orfèvre. Chaque détail est important, tout est minutieusement préparé et assemblé. Comme lorsque des grains de sable s’agrègent pour former une plage. Plage, ce à quoi fait penser la cover : le drap bleu représentant la mer avec une sirène dedans, et les murs jaunes/orangés représentant le sable. La cover colle parfaitement au projet puisque dans celui-ci, le thème de l’eau est très important, Luidji y faisant souvent allusion :
A travers ses paroles, par exemple :
Emportée par ce genre de vagues
J’ai sacrifié ma vie
Pour attraper ce genre de vagues
Sans boussole et sans valise
J’suis parti pour un long voyage
Sacrifié ma vie pour attraper ce genre de vagues
Ouais ce genre de vagues
Cesser de penser
Sacrifié ma vie pour attraper ce genre de vagues
Sans boussole et sans valise
J’suis parti pour un long voyage
Lassé de ton souvenir
J’ai dû te laisser sur la plage
À romancer
Et j’ai cessé de penser
(Issues de sa musique Nazaré).
À travers son univers audio : dans Agoué, on peut entendre un plongeon, puis dans la musique Erzulie (interlude), on entend le bruit de l’eau et Luidji qui en émerge
À travers son imagerie : que ce soit dans la cover, dans les vidéos de promotion sur ses réseaux sociaux ou encore dans ses clips, comme celui de Tu le mérites :
L’eau est quasiment omniprésente. Et elle peut avoir plusieurs significations. Personnellement, je l’interprète comme une évasion : dans ce projet, le rappeur sort de sa zone de confort (la plage) et s’aventure dans l’eau. Il prend donc des risques, de façon à tenter de nouvelles choses -tant au niveau musical que conceptuel-, et à faire face aux vagues, qui représentent des épreuves à affronter.
Un album de vie
Comme l’océan, Tristesse Business : Saison 1 est profond. L’artiste semble profiter de son aventure dans la mer pour y noyer son chagrin et faire part des bons moments, comme des mauvais. Le CD a des allures de thérapie, puisque Luidji replonge dans son passé et parle de ses relations avec différentes femmes qu’il a fréquentées dans sa vie, et de l’évolution de ses relations avec celles-ci. Mais pas seulement. Il parle aussi de ses amis, de sa déprime, de la musique, la superficialité…
Le disque est donc comme un journal intime, un story-telling, dans lequel il raconte son histoire de la première à la dernière track. Le tout en étant entrecoupé par des courtes scènes de dialogues avec des gens qu’il aime ou a aimé. Puisqu’il voulait faire un album introspectif, il n’y a aucun featuring. C’est un long monologue musical. Cependant, le dialogue a lieu sur les réseaux sociaux, l’artiste étant très proche de ses fans et échangeant souvent avec. Il fait entrer ceux-ci dans son intimité et espère que sa thérapie servira à d’autres (cf : « J’espère que mon premier album guérira vos maux, comme il a guéri les miens. », phrase qu’il a écrite sur les RS).
Au niveau des textes, les termes utilisés sont souvent simples mais parlent de choses complexes. Pour en revenir à la cover, elle possède 2 couleurs que tout oppose mais qui se complètent bien (le jaune et le bleu). Cela représente bien la facilité avec laquelle les thèmes souvent sombres et mélancoliques se mélangeant parfaitement avec des sonorités très variées et rythmées. C’est d’ailleurs très bien produit. Il plaira sûrement aux personnes qui ont aimé Pacifique de Disiz et Menthe à l’Eau / Paradis d’Amour de Krisy, le disque de Luidji se trouvant aux frontières de ces projets-là.
Conclusion
Pour répondre à la question initiale : oui, Luidji a répondu aux attentes, et même mieux : il a réussi à en créer d’autres, encore plus grandes, pour son prochain album. Peut-être la saison 2 qui sait.
Et même si le projet s’appelle Tristesse Business, l’album n’est pas construit pour tirer bénéfice (financier) de la tristesse. Il n’y a pas de recherche du hit, il n’y a pas de musique vraiment commerciale, pas de feat prestigieux. Juste un homme qui se confie le plus honnêtement possible. Il ne va probablement pas toucher les charts, mais il va toucher les cœurs et récolter un succès d’estime. Et cela n’a pas de prix.
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