Le grand Thomas
Thomas n'a décidément pas la place qu'il devrait occuper dans le paysage français. Il est l'une des plumes actuelles les plus originales et douées. Son univers particulier, son style d'écriture sont...
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Grand précurseur de la nouvelle scène française injustement passé sous silence, ou du moins pas assez reconnu comme tel, Thomas Fersen se livre, depuis plus de quinze ans, à une musique qui ne ressemble à aucune autre. Fidèle à son style, et malgré une houle extérieure peu favorable à l'honnêteté artistique, l'indécrottable marginal continue à poser avec majesté, un à un, les pavés précieux du chemin de traverse qu'il se plaît à ne jamais quitter. D'album en album, il s'affuble des mêmes habits de croque-mort déglingués qu'il recouvre, selon l'humeur, d'un tutu rose parfaitement décalé. Oui, voilà une image qui colle à merveille à l'univers étrange, un peu Tim Burtonesque, du bonhomme. Ce qu'il y a de formidable avec cet artiste, c'est que bien qu'il exploite toujours le même filon - frisant même parfois l'auto-plagiat - jamais il ne s'y enlise, mieux, toujours il se renouvelle. Alors, on se sent bien au sein de ce décor théâtral que l'on aime connaître sur le bout des doigts, et on est heureux d'assister au nouveau spectacle – toujours confondant d'originalité - qui s'y joue. Ce nouvel O.V.N.I n'échappe pas à la règle : la verve de l'homme à la voix rauque est toujours aussi impeccablement ciselée. A partir d'objets triviaux ("Gratte-Dos", "lime à ongle", "cure-dents"...), il a le don sans pareil de construire des aventures gargantuesques qui captent implacablement l'attention. Pas de doute, l'important pour Thomas, ce n'est pas tant la destination mais assurément le voyage. Plus que jamais, l'anarchiste met en mots et en musique son besoin vital de s'échapper : "Quand le monde est barbelé, je sors mon ukulélé". Quant à la symbolique de l'idée de voyage, il n'aurait pu trouver meilleure ambassadrice que "Germaine", sa fidèle valise, élément central de la pièce, "Le Saint des Saints". Il l'aime tellement qu'il ira même jusqu'à l'épouser : "Allons où le destin nous mène, Germaine, allons à notre guise...". Mais il le sait, sa chère liberté a de nombreuses limites, alors qui mieux qu'un douanier et qu'un chien mangeur de "Chocolat" pouvaient les incarner ? Musicalement, on est tout de même en présence d'un album très différent des précédents, et l'intervention remarquable de Fred Fortin, aux arrangements et à la réalisation, n'y est pas pour rien, je dirais même, y est pour tout. Outre à la rythmique basse / batterie, le Québécois officie derrière une pléiade d'instruments loufoques tels le marxophone ou encore le bac de plastique retourné. Et par dessus le tout, l'homme-orchestre vient saupoudrer des choeurs exotiques qui, mêlés aux odeurs de cigares cubains et de Jamaïque, apportent une enluminure supplémentaire à laquelle il fait bon se réchauffer. Il ne m'aura pas fallu plus de "Trois petits tours" et "Punaise, j'étais gonflé à bloc".(Popnews)
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Créée
le 27 mars 2022
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