Les Primitifs Du Futur – "Trop De Routes, Trop De Trains" Et Autres Histoires D'Amour (1995)
Je vous avais déjà fait part d’un double Lp des « Primitifs du Futur » paru chez Souffle Continu, une compile de 2019 absolument formidable, elle comprenait deux titres issus de cet album.
Ces gars-là sont vraiment primitifs, ils en sont encore à la musette et à l’accordéon, ils jouent comme Django, de la guitare sèche dans le style manouche. Le chef de bande c’est Dominique Cravic qui chante et compose et rassemble ses amis, on devine qu’ils boivent certainement du vin rouge en mangeant des sandwichs, genre pâté, jambon, rillettes ou saucisson. Ils s’habillent avec des pantalons velours à grosses côtes, bretelles et chemises à carreau sur lesquelles ils essuient leurs doigts avant de prendre leurs instruments.
C’est certain !
Et puis ils embouchent la clarinette, le cornet ou le sax et soufflent dans l’harmonica. Ils grattent le banjo, la contrebasse, l’ukulele, le dobro et la guitare, plein de guitares à la mode sèche, histoire de nous tirer des larmes et des rires. Et ils tapent aussi le xylophone et la batterie, tap ! tap !
Et ils rigolent et se marrent, et chantent, et chantent, des chansons rigolotes, ou d’amour, des airs musettes à l’accordéon, et des blues aussi, du rag encore, et Paris, les routes et les trains qui partent avec des gens dedans… Et l’histoire incroyable de « La Femme Panthère et de L’Homme Sandwich », et de « L’amour au Couteau », de « Marie Musette, Marie Putain », « Passez la Monnaie » et c’est la vie qui file avec du sexe, du sang, de la sueur et des larmes comme on dit…
Bref c’est la fête ici, la nostalgie se cantonne dans la musique avec un répertoire tout neuf à la mode ancienne, histoire de retrouver les plaisirs enfouis, comme on fouille dans une vieille malle en en extirpant les trésors, les rythmes, l’impeccable mise en place et la joie retrouvée, pleine de fraîcheur !
Et Robert Crumb qui vient faire un tour par ici, pour faire le bœuf avec les amis, en emmenant dans sa valise quelques dessins pour illustrer tout ça. Faut dire que ces gars-là c’est pas n’importe qui, ils ont joué avec des grands, genre Lee Konitz, Steve Lacy, Slim Gaillard, Eddy Louis, Jo Privat et même Achille Zavatta !
La femme Panthère et l’Homme Sandwich
Du matin au soir, de Barbès à Rochechouart
Il arpente le trottoir, c’est un fantassin d’l’affiche
Mais un soir de spleen il a croisé sa féline
Une panthère noire divine, voilà not’piéton qui biche
*
Refrain :
Quand on est un homme Sandwich faut planquer ses miches
Attention aux maxillaires à la femme panthère
Sous ses crocs ou sous ses griffes d’ailleurs c’est kif kif
Tu finiras dans ses bras en chair à saucisse
*
Et tout excité devant ses pilosités
Il ne pense qu’à la fourrer
Mais c’est une aut’paire de manches
Elle lui a dit : « Viens !
J’dois faire mes griffes ce matin »
Lui qui pense qu’au gros câlin
Il a proposé sa planche
*
Mais pour son malheur
Il Porte sur son cœur
D’la réclame pour un fourreur
Qui solde ses vieilles peaux Place Blanche
Ses griffes après l’bois
Lui ont transpercé le foie
Et on l’a mis tout d’guingois
Raide et nu entre quatre planches
(D. Cravic/G.Lefebvre)